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La Hague, un cimetière radioactif de plus en plus dangereux
Article mis en ligne le 16 mai 2017

Produire du plutonium à partir du combustible usé des centrales nucléaires, les États-Unis l’ont fait à Hanford, la France le fait toujours, à La Hague. L’un et l’autre de ces sites sont devenus des décharges radioactives confrontées à des enjeux de sécurité colossaux (...)

(...) C’est à La Hague, Normandie, que la France a produit depuis 1967 du plutonium à usage militaire puis à usage civil. Des bombes nucléaires qui polluent aujourd’hui Mururoa et le Pacifique Sud contenaient du plutonium « made in Normandie ». La production du plutonium à partir des combustibles usés des centrales nucléaires se perpétue. C’est devenu une coutume bien française. En Asie, la France est célèbre pour son plutonium et ses cuisses de grenouilles. Au 31 décembre 2015, il y avait 211 tonnes de plutonium en stock dans un bunker, pas si bunker que ça, à La Hague.
À Hanford, un capharnaüm d’uranium usé, de plutonium, d’acide et de terres toxiques (...)

Sur le site de Hanford, l’effondrement partiel de la couverture du tunnel no 2 où sont remisés 28 wagons contaminés et chargés de 2.200 m3 de résidus de plutonium a été signalé mardi 9 mai 2017 à 8 h 30. Un robot a été immédiatement dépêché sur place pour réaliser des prélèvements d’air et de terre. Le trou béant au-dessus d’un cimetière radioactif ouvert en 1964 en dit long sur la fiabilité du plan de démantèlement de Hanford. L’État de Washington et le gouvernement fédéral espéraient encore, au début de 2017, pouvoir recaser des déchets supplémentaires dans le tunnel no 2 et figer le tout dans un coulis de béton spécial et éternel (...)

Après l’alerte de mardi 9 mai et le confinement pendant plusieurs heures de 4.800 ouvriers chargés du démantèlement du bâti et du regroupement des déchets, le travail a repris à Hanford, sauf dans le secteur 200 où se côtoient l’usine à démolir Purex (pour « plutonium uranium extraction ») et les 2 tunnels maudits et fragiles, dont l’un est désormais ouvert à la pluie et aux courants d’air. Des vibrations provenant d’un chantier voisin auraient provoqué le percement de la toiture du tunnel no 2. Depuis 2008, des spécialistes d’Areva sont en place à Hanford. Ils disposeraient « d’une grande expérience de l’assainissement ».
À La Hague, les dangers du passé se cumulent à ceux du présent et de l’avenir

Et de l’expérience, il en faudra pour assainir, démonter, regrouper et mettre en sécurité la terrible, vieillissante et cachotière plateforme d’Areva-La Hague. Elle continue, elle, vaille que vaille et plutôt en pure perte, à extraire le plutonium des combustibles usés des centrales nucléaires. (...)

. L’ASN multiplie les alertes sur le vieillissement de l’INB 116, la plus récente. L’atelier de séparation de l’uranium, du plutonium et des produits de fission est gagné par la corrosion. La Hague est à la croisée de tous les chemins et de toutes les impasses de la filière nucléaire. Trop compliqué pour décider quoi que ce soit. La Hague est devenue tabou. La Hague est à bout.