Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Basta !
« La France, seul pays où le cortège Climat a été violemment réprimé »
Article mis en ligne le 24 septembre 2019

« (...) les titres des médias auraient pu être : "Démonstration de force : gilets jaunes et mouvement climat s’unissent dans la rue". » Mais les forces de l’ordre en ont décidé autrement. C’est l’amer constat tiré par Maxime Combes, militant d’Attac, qui participait à la marche pour le climat et la justice sociale à Paris le 21 septembre. L’une des membres de l’équipe de Basta !, auteure des photos, a également été interpellée et fouillée alors qu’elle fuyait les gaz lacrymogènes.

Ce samedi 21 septembre, j’ai manifesté à Paris pour le climat et la justice sociale.

Du moins, j’ai essayé. Comme plusieurs dizaine de milliers d’autres manifestant.e.s. La Préfecture de Police en a décidé autrement. Comme souvent. Trop souvent : depuis des mois la répression policière s’abat sur toutes les manifestations d’opposant.e.s, quelles qu’elles soient.

En tête de cortège, « dans le carré de tête » plus précisément pour représenter l’association Attac, j’ai pu observer comment les forces du désordre nous ont gazés puis repoussés vers l’arrière, sur le reste du cortège - sans qu’il n’y ait d’issue - alors que rien ne l’imposait.

La manifestation avait débuté depuis 30 minutes à peine.

Le cortège grossissait à vue d’œil : interdits de manifester dans l’Ouest parisien et chassés par les forces de police, les gilets jaunes se joignaient aux manifestant.e.s pour le climat dans une jonction lourde de sens. Qu’ils réclament la justice sociale, fiscale ou écologique, ou plus de démocratie, tous les opposant.e.s à la politique d’Emmanuel Macron allaient manifester ensemble. Le slogan « fin du monde, fin du mois, même combat » allait prendre corps dans la rue. Avec des dizaines de milliers de personnes. (...)

Nous n’avions pas encore atteint Port-Royal. Nous avancions serrés, trottoirs compris, sur le boulevard Saint-Michel. Les slogans des gilets jaunes répondaient à ceux du mouvement climat, et réciproquement.

A ce moment, ni les manifestant.e.s, ni les passant.e.s, ni les habitant.e.s n’étaient en danger et le cortège aurait pu se poursuivre, malgré quelques tensions.

Pourtant la Préfecture de police a fait usage de grenades lacrymogènes et de désencerclement sur un cortège compact et divers au motif de « traiter vite » (sic) « les éléments les plus violents ». (...)

Au sein du cortège, des enfants, des personnes âgées, des personnes à mobilité réduites se sont retrouvées prises au piège sous un nuage de gaz lacrymogènes, sans issue : lacrymo et forces de police d’un côté, cortège dense de l’autre, reculant lentement, en chansons, sans échappatoire. Les rues adjacentes étaient bloquées par les forces de police et sans possibilité de passer.

C’est une chance qu’il n’y ait pas eu de drame (du moins à ma connaissance) : quelques blessés légers, quelques personnes prises de panique, des milliers d’entre nous plusieurs fois pris dans un nuage de lacrymos.

Ce que j’ai vu, boulevard Saint-Michel, ce samedi, ce n’est pas du « maintien de l’ordre ». C’est manifestement une intervention injustifiée de la Préfecture de police qui a procédé à un usage agressif et disproportionné de grenades lacrymogène et de désencerclement, sans aucune distinction, sur un cortège dense de personnes qui souhaitaient manifester en toute sécurité.

Loin d’assurer cette « sécurité », cette intervention de la préfecture de police a mis en danger les manifestant.e.s, les passant.e.s et les habitant.e.s. (...)

Déjà le samedi matin, les autorités ont interdit tout rassemblement - malgré des demandes répétées toute la semaine - qui visait à rendre visible dans Paris la jonction et la convergence des gilets jaunes et de la marche pour le climat. (...)

Manifester est un droit. De fait, Emmanuel Macron et la Préfecture de Police nous en privent.

La police n’est plus là pour protéger les manifestant.e.s, comme le prétend l’exécutif, mais pour les empêcher de venir et/ou les dissuader de revenir.

Ce soir les titres des médias auraient pu être : « Démonstration de force : gilets jaunes et mouvement climat s’unissent dans la rue ».

Au lieu de cela, le bris de quelques vitrines - dont la grande majorité postérieurs à l’intervention policière - masque l’essentiel.

La réponse autoritaire de l’exécutif face à tous les mouvements sociaux qui contestent sa politique est stupéfiante, illégitime, inacceptable et dangereuse.

Tous les démocrates devraient s’en offusquer et la dénoncer : il en va de l’avenir de la démocratie et des libertés en France. (...)

le seul pays où le cortège Climat a été violemment réprimé, c’est la France, pays dirigé par le « Champion de la Terre » (sic).

Visiblement, Emmanuel Macron et son gouvernement sont plus forts pour agir contre les militants du climat que contre le dérèglement du climat (...)

Restons donc déterminé.e.s. Un mouvement mondial pour le climat s’est exprimé avec force, courage et conviction : plus de 4 millions dans 160 pays, ce n’est pas rien. Prenons-en soin. Renforçons-le. Il sera désormais impossible de faire comme s’il n’était pas là.