Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
France Terre d’ Asile
La France et l’UE doivent assumer leurs responsabilités envers les réfugiés syriens
Article mis en ligne le 16 octobre 2013

à la hauteur du drame humanitaire. Mais l’urgence et l’ampleur de la situation rend l’immobilisme de l’Europe chaque jour un peu plus inacceptable.

La plus grande crise humanitaire depuis le Rwanda se déroule aujourd’hui en Syrie, mais il semble que l’Europe – qui eut bien d’autres retombées de conflit à gérer depuis près de vingt ans - n’ait pas su en tirer des leçons et reste dans l’incapacité de mener des actions à la hauteur du drame humanitaire qui se déroule à ses portes.

Près d’un Syrien sur quatre est un déraciné. Sur les 22 millions d’habitants que compte la Syrie, plus de 2 millions, dont 50% d’enfants, ont passé les frontières et 5 millions se sont déplacés à l’intérieur du pays pour échapper à la guerre. Chaque jour qui passe rend ces chiffres caducs : entre 3.000 et 5.000 personnes franchissent quotidiennement les frontières pour sauver leur famille. Tout le monde sait où ils vont chercher un abri : à 97 % dans les pays limitrophes.

C’est ainsi qu’au Liban, premier pays d’accueil (avec 1.300.000 personnes), 1 habitant sur 4 est, selon le HCR, un réfugié syrien. Avec l’afflux d’exilés, la Jordanie a vu sa population augmenter de 11%. L’Irak, la Turquie et l’Égypte sont les autres grands pays à tendre la main, et tous assument la lourde charge qui leur incombe. Elle pèse sur leurs ressources, leurs services, leurs infrastructures, en bref, sur leurs économies souvent fragiles.

Quelle est la réponse de l’Europe face à cette catastrophe humanitaire ? Elle est d’abord financière : l’Union européenne se montre très généreuse en matière d’aide, mais se placer comme le plus grand donateur du monde ne suffit pas. (...)

Le nombre de réfugiés syriens accueillis en Europe reste marginal. Depuis le début du conflit, seuls 47.000 Syriens ont demandé l’asile dans l’ensemble de l’Union européenne. Les demandes ont été déposées essentiellement en Allemagne (12.800) et en Suède (7.920) en 2012. Avec 650 demandes déposées sur la même période, la France fait pâle figure. Si les chiffres croissent en 2013 (avec 700 demandes sur les sept premiers mois en France), ils ne sont pas à la hauteur de ce que l’on pourrait attendre d’une superpuissance regroupant 27 démocraties. Comment alors faire preuve de solidarité ?

Tout d’abord en facilitant l’accès au territoire européen - et à sa protection– c’est-à-dire en simplifiant les procédures d’attribution de visas aux Syriens en danger. Si les ambassades des États membres sont fermées en Syrie, il faut donner aux autorités consulaires des pays voisins la capacité de délivrer davantage de visas, au titre de l’asile mais aussi du regroupement familial, de court ou de long séjour.

Multiplier ces possibilités d’accès à notre territoire passe également par la suppression du visa de transit aéroportuaire. (...)

aujourd’hui que le temps presse, les États membres tergiversent au prétexte de motifs aussi nombreux qu’improbables et préfèrent une nouvelle fois jouer les autruches plutôt que d’appliquer une directive pourtant appropriée.

Quant à l’appel lancé par le HCR pour que les États accueillent au moins 12.000 personnes les plus vulnérables de la région (10.000 au titre de l’admission humanitaire - une admission temporaire - et 2.000 par réinstallation - c’est-à-dire le transfert d’un réfugié d’un premier pays d’asile vers un autre pays d’asile) rares sont les États membres à avoir répondu « présent ». (...)

La France et l’Europe doivent agir en responsabilité en participant notamment au plan présenté par le HCR malgré le climat xénophobe et les difficultés économiques que connaît notre espace commun. Il en va de notre honneur d’Européens et de notre responsabilité morale de partager le fardeau d’une crise humanitaire qui ne nous est ni lointaine, ni étrangère. Espérons qu’une Union crée au nom de la paix sache se montrer plus solidaire. Il y a urgence.