
Le Tribunal Permanent des Peuples, une cour de justice symbolique organisée par la société civile, s’est réunie à Paris jeudi 4 et vendredi 5 janvier. Dans le box des accusés : l’Europe et la France, jugés pour leur politique migratoire inhumaine.
(...) Le tribunal permanent des peuples existe depuis 1967, lorsque le mathématicien Bertrand Russel, le philosophe Jean-Paul Sartre et le politicien italien Lelio Basso ont organisé un tribunal sur le Vietnam » détaille Gustave Massiah, co-fondateur du Forum Social Mondial et l’un des organisateurs du Tribunal. « Depuis ce sont une cinquantaine de sessions qui ce sont tenues sur des sujets comme les dictatures d’Amérique latine, l’évasion fiscale ou récemment le scandale de Glyphosate et de l’entreprise Monsanto. »
Un procès symbolique, sans les accusés
Pour cette session parisienne, les accusés sont de gros poissons : la France et de l’Union Européenne. Des mis en cause qui n’ont pas à répondre aux questions, puisqu’ils ne sont pas dans leur box. Malgré les convocations qui leurs ont été adressées, le président de la République Emmanuel Macron et celui de la commission européenne Jean-Claude Juncker n’ont pas fait le déplacement pour défendre leur politique migratoire. On leur a donc trouvé deux représentants commis d’office, membres des associations de défense des droits des migrants qui ont accepté de jouer les avocats du diable.
Ce n’est pas un cadeau pour eux. Dès la lecture de l’acte d’accusation le mot est lancé : les membres de l’Union Européennes et, parmi eux, la France sont accusés de complicité de crime contre l’humanité. La représentante de l’accusation, Nathalie Ferré ancienne présidente du Gisti, une association historique de défense des réfugiés, dénonce dans son discours « l’existence d’actes inhumains, privations de liberté, meurtres, viols, réduction en esclavage, disparitions forcées. Des actes commis dans le cadre d’une attaque généralisée et systématique visant spécifiquement et délibérément une population civile, celle des migrants ». Pour l’accusation, ces politiques migratoires ne sont pas sans rapport avec les 40 000 réfugiés morts sur la route de l’Europe depuis le début des années 2000, un chiffre rappelé l’universitaire Claude Calame. (...)
Au final ce sont plus d’une trentaine de témoignages qui dessinent, pièce par pièce, le calvaire que vivent les demandeurs de refuges dans l’Hexagone et plus largement dans l’Union Européenne. Pour l’Eurodéputé Marie-Christine Vergiat membre groupe Gauche unitaire européenne et spécialiste des questions de migrations au parlement européen : « on dénie aux migrants leurs droits de base et la France est à l’initiative sur ces questions. Nos ministres de l’Intérieur successifs sont parmi ceux qui font le plus de choses destructrices dans ce domaine. »
Un procès pour mettre en lumière, les violations des droits humains.
C’est ce dimanche 7 janvier que les jurés du Tribunal Permanent des Peuples révèleront leur sentence lors d’une lecture à la mairie de Gennevilliers. (...)