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La Commission européenne ne nous dit pas seulement qu’il faut résorber le déficit, elle nous dit comment cela doit se faire, et aux dépens de qui.
Article mis en ligne le 11 juin 2013

(...) Les bonnes fables ont ça de bien qu’elles ont toujours une actualité. Celle-ci nous est revenue en mémoire l’autre jour, quand nous avons entendu François Hollande répliquer à la Commission de Bruxelles qu’elle « n’a pas à nous dicter ce que nous devons faire ». Avant d’ajouter que, de toute façon, nous étions justement en train de faire ce que la Commission exige…

La question est de savoir qui, dans cette histoire, est la mouche et qui est le coche ? Ou, pour le dire autrement, qui décide de la politique de la France ? Il suffit pour répondre à cette question de consulter le fameux traité de Lisbonne dont la ratification par notre pays en 2009 avait été rendue possible, on s’en souvient, par l’abstention des parlementaires socialistes. Le texte nous dit que « le Conseil, sur recommandation de la Commission, élabore un projet pour les grandes orientations des politiques économiques des États membres ». Puis que ledit Conseil « surveille l’évolution », et que, le cas échéant, il « rend publiques » ses recommandations. S’ensuit une batterie de sanctions si l’État récalcitrant n’obtempère pas. C’est un peu moins plaisant qu’une fable de La Fontaine, mais c’est tout aussi clair. Il n’y a donc pas lieu de faire l’étonné. Ce sont ces textes dont nous subissons aujourd’hui les effets.

(...) La pression, il est vrai, est énorme. Car il n’y a pas que Bruxelles. La Cour des comptes, que préside le socialiste Didier Migaud, pousse dans la même voie. Nous sommes entrés dans l’ère des « experts », des « comptables » et des technocrates. Et cela, sans débats, sans même que soit attirée notre attention citoyenne. Ce qui frappe dans cette histoire de « recommandations » (bel euphémisme !), c’est évidemment le ton comminatoire des « experts » bruxellois. La Commission européenne ne nous dit pas seulement qu’il faut résorber le déficit, elle nous dit comment cela doit se faire, et aux dépens de qui. On ne prend plus de gants pour dire qui commande et qui exécute. Ce qui en dit long sur la crise politique dans laquelle nous sommes englués. (...)

Voilà un an, la France votait. Et il est peu probable que la majorité de gauche qui l’a emporté ait voté pour les « recommandations » de la Commission européenne. C’est donc aujourd’hui notre système démocratique qui est bafoué. Et il ne l’est pas par François Hollande, ou pas seulement. En vérité, cela fait trente ans que, peu à peu, l’Union européenne prive les peuples des attributs de la démocratie. Et on ne voit pas très bien en quoi le « gouvernement de la zone euro », préconisé par François Hollande, et accepté avec empressement par Angela Merkel, pourrait corriger cet état de chose. Bien au contraire. Pas une once de démocratie n’est réintroduite dans ce projet. Or, nous savons vers quelle alternative nous conduit cette dictature molle des « élites » néolibérales : c’est l’augmentation du nombre de chômeurs (version française) ou de travailleurs pauvres (version allemande) [1]. Il faut espérer que les élections européennes qui se dérouleront dans un an seront l’occasion de poser clairement la question démocratique. Et, pour la vraie gauche, de faire émerger un projet européen qui réintroduise le peuple dans un processus dont il est à la fois exclu et victime. (...)