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Le Monde
La Commission européenne dévoile un projet classant les investissements dans le nucléaire comme « durables »
Article mis en ligne le 2 janvier 2022

La proposition permettrait de réduire le coût de financement des projets de la filière nucléaire, considérée comme contribuant à la réduction des gaz à effet de serre.

La Commission européenne a dévoilé, dans la nuit du vendredi 31 décembre au samedi 1er janvier, un projet de labellisation verte pour les centrales nucléaires et à gaz qui vise à faciliter le financement d’installations contribuant à lutter contre le changement climatique.

La proposition de texte, débattue depuis des mois et encore provisoire, a été envoyée aux Etats membres le 31 décembre, peu avant minuit, d’après plusieurs sources contactées par l’Agence France-Presse (AFP), qui a pu consulter le document.

La France, qui veut relancer sa filière nucléaire, et des pays d’Europe centrale, comme la Pologne ou la République tchèque, qui doivent remplacer leurs centrales à charbon très polluantes, réclamaient un tel texte. Cette classification permet une réduction des coûts de financement, cruciale pour les projets concernés et les Etats voulant les soutenir.

Critiques de l’Allemagne

Des écologistes s’opposent à la reconnaissance des centrales à gaz, qui émettent du dioxyde de carbone (CO2), et nucléaires, en raison de la production de déchets radioactifs dont le traitement est complexe ainsi que limité et les solutions de stockage controversées. Un petit groupe de pays, menés par l’Allemagne, a bataillé pour exclure le nucléaire de cette catégorie. (...)

Le projet de la Commission est « une erreur », a ainsi réagi la ministre de l’environnement allemande, Steffi Lemke, auprès du groupe de médias Funke. La technologie nucléaire, « qui peut entraîner des catastrophes environnementales dévastatrices – en cas d’accidents graves – et (…) laisse derrière elle de grandes quantités de déchets hautement radioactifs et dangereux, ne peut pas être durable », a-t-elle déclaré. (...)

La ministre de l’environnement autrichienne, Leonore Gewessler, a également critiqué le projet, dénonçant le nucléaire comme « une énergie du passé », « trop onéreuse et trop lente » pour lutter contre le changement climatique.
Les énergies renouvelables considérées comme insuffisantes

Tant les promoteurs du gaz que ceux du nucléaire s’entendent, cependant, pour faire valoir que les énergies renouvelables (éolien, solaire…), déjà labellisées par la Commission, souffrent de production intermittente et ne permettront pas dans les prochaines années de fournir une électricité à bas prix et dont on peut maîtriser la production. (...)

La proposition de Bruxelles fixe des conditions à l’inclusion du nucléaire et du gaz, notamment une limitation dans le temps : pour la construction de nouvelles centrales atomiques, les projets devront avoir obtenu un permis de construire avant 2045 ; concernant les travaux permettant de prolonger la durée de vie des centrales existantes, ils devront avoir été autorisés avant 2040. Des garanties en matière de traitement des déchets et de démantèlement des installations nucléaires en fin de vie sont également exigées. (...)

Concernant le gaz, qualifiée de « source d’énergie de transition », les investissements seront reconnus « durables » pour des centrales émettant peu de CO2. La Commission a fixé des seuils drastiques : moins de 100 grammes de CO2 par kilowattheure, un seuil inatteignable avec les technologies actuelles, selon des experts.

Cependant, une période de transition est prévue (...)