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Le Nouvel Observateur
La Centrafrique, hors de contrôle, en voie de somalisation
Article mis en ligne le 5 mai 2014

Du 17 au 27 avril 2014, la République centrafricaine a vécu quatre événements majeurs qui doivent être distingués de la barbarie quotidienne. Ces événements illustrent bien la dégradation de la situation sécuritaire, l’inanité des déclarations gouvernementales, les limites de l’action des forces internationales et de l’opération Sangaris, mais laissent aussi entrevoir de nouveaux développements, encore plus calamiteux, d’une crise plus que jamais hors de contrôle. Ces quatre événements ne peuvent être dissociés car ils sont interactifs.

(...) Pour la première fois depuis le début de l’opération Sangaris, le 5 décembre 2013, les commandos français, les 20 et 24 avril, ont été l’objet de réactions hostiles de type militaire, les obligeant à réagir en conséquence. Que ce soit à Grimari, contre d’ex-Séléka, ou au PK5 de Bangui, contre des anti-balaka, ces opérations armées se sont traduites par des une vingtaine de victimes centrafricaines. Déjà catalogués par certains Centrafricains de n’être qu’un détachement Boali Bis, les militaires de Sangaris risquent maintenant de devoir faire face à une hostilité grandissante, avec les conséquences dommageables prévisibles. En France, des voix s’élèvent contre les mauvaises conditions de vie de nos militaires et s’inquiètent de la vétusté des moyens militaires. Le bourbier n’est-il pas désormais en vue ?

Pour la première fois depuis le déclenchement de la crise, fin 2012, un hôpital de MSF, à Nanga-Boguila, a été attaqué, pillé avec un bilan dramatique de 22 tués dont trois membres de MSF-NL. En ce 26 avril, les rebelles, probablement des ex-Séléka bien installés dans cette région du Nord-Ouest, ont donc franchi un nouveau palier dans leur politique de terre brûlée.

En l’absence d’Etat, les ONG humanitaires pourront-elles continuer leur indispensable aide à une population, de plus en plus livrée à elle-même ? Si leur départ devient inéluctable, la « somalisation » aura fait un grand pas et les pays voisins devront s’apprêter à accueillir une nouvelle vague de réfugiés, au risque de les déstabiliser davantage. (...)