
Depuis sa création, l’Europe n’a de cesse de créer des règles lui permettant d’appliquer un libéralisme économique débridé. Le nouveau traité européen qui entend faire graver dans les différentes constitutions la fameuse « règle d’or » n’est que la dernière péripétie d’une longue succession d’actes, de pactes, de traités, donnant la priorité à la « concurrence libre et non faussée ».
La crise économique mondiale a été l’occasion rêvée pour les bourgeoisies européennes et les institutions à leur service d’avancer dans leur projet fondamental de liquider le modèle social européen. Les principales dates de la construction de l’Union européenne montre que les objectifs sont de stimuler la compétitivité, stimuler l’emploi, contribuer à la stabilité des finances publiques, renforcer la stabilité financière, et pour cela il est préconisé notamment de « rendre le travail plus attractif » et de « réformer les retraites » aboutissant à un véritable recul en matière de droit du travail et de protection sociale. (...)
Le Pacte de stabilité et de croissance renforcée est une directive qui donne à la Commission des outils de contrôle et de sanction en cas de dépassement du plafonnement des dépenses publiques. Elle peut ainsi imposer à un État de réduire sa dette publique. Pour atteindre ces objectifs, elle recommande le relèvement de l’âge de la retraite, l’interdiction de certains choix fiscaux, des politiques de contrôle des salaires (norme salariale impérative), une politique favorisant les investissements (maintien des intérêts notionnels par exemple). L’injonction, sur la façon de réduire dette et déficit, porte uniquement sur des perspectives de réductions des dépenses (sauf s’il s’agit de « sauver » les banques) et condamne d’éventuels projets de nouvelles recettes (en particulier s’il s’agissait d’augmentation d’impôts sur les revenus des capitaux). Cela a pris la forme d’une loi européenne, sans débat public. En résumé, l’austérité n’est plus un choix et n’a plus de limite dans le temps ; elle devient la règle, on transforme ainsi en loi le transfert grandissant des revenus du travail vers les revenus du capital. (...)