
À Arlit, au nord du Niger, ce n’est pas l’industrie chimique qui fait la pluie et le beau temps, mais l’industrie nucléaire française qui y exploite d’immenses mines d’uranium depuis la fin des années 1960 grâce à des accords coloniaux lui assurant les meilleurs prix. À l’époque, les mineurs français bénéficiaient de mesures de contrôle et d’un suivi médical, tandis que leurs collègues africains, qui n’étaient pas considérés comme des travailleurs du nucléaire, ne disposaient d’aucune protection, d’aucune information, ni d’aucun suivi médical. Si certaines choses ont avancé du côté de la sécurité au travail, l’extraction du minerai atomique reste un désastre écologique et sanitaire étouffé au nom des intérêts économiques et diplomatiques de la France.
Mais les cours se sont effondrés à la suite de l’accident nucléaire de Fukushima : le yellowcake ne vaut plus un kopeck. En octobre 2019, Orano (ex-Areva) a annoncé la fermeture en 2021 de la Cominak, qui embauchait 800 personnes, tandis que la Somaïr, elle aussi filiale du géant de l’atome français, a drastiquement réduit son personnel . « Que va-t-on devenir ? » se demande-t-on dans l’un des pays les plus pauvres du monde. À Rouen comme à Arlit se joue la même partition. Des multinationales qui condamnent les populations à une double peine : d’abord subir les pollutions et les cancers causés par leur production puis se retrouver au chômage, quand la rentabilité ne suit plus. Et s’il était possible de reprendre des activités qui ne soient pas industrielles ? C’est la question que pose la réalisatrice nigérienne et fille de mineur Amina Weira à la fin de sonfilm La Colère dans le vent. (...)