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L’ouverture culturelle en Grèce et à Rome, ou comment l’extrême droite ment sur nos racines
mercredi 29 janvier - par Xavier Demarche
Article mis en ligne le 30 janvier 2014
dernière modification le 29 janvier 2014

Le collectif français « Jour de colère », agglomérat de groupuscules traditionalistes chrétiens, anti-écologistes ou nationalistes, publie sur son site une liste de ses soutiens.

Je n’ai pas l’habitude de réagir à ce type de publications, considérant qu’elles jouent de l’émotion au détriment de la raison, et qu’à ce titre il est à la fois vain de leur opposer des arguments rationnels et dangereux de leur offrir une publicité supplémentaire. Cependant, une phrase en particulier ne peut laisser indifférent un spécialiste de l’antiquité, quels que soient ses partis-pris idéologiques : « Oui à la souveraineté d’un peuple européen, de culture gréco-latine et de valeurs chrétiennes, issu d’une histoire et d’une civilisation vieille de 2500 ans. »

Il est loin d’être rare, pour le philologue, l’historien ou l’anthropologue qui s’intéresse à la Grèce et à la Rome antiques, d’être confronté à la récupération de leur patrimoine culturel par des personnes ou des groupes politiques poussant au rejet de l’autre (dans le cas présent, la confirmation qu’une telle volonté de rejet est -pour l’auteur- le corollaire de la mise à l’honneur d’une culture « traditionnelle » ne tarde pas à venir : on lit quelques lignes plus loin « Non à la substitution de population par le biais d’une immigration organisée, sans frein, et dotée de tous les droits. »).

Certes, le spécialiste comprendra que parce que ces récupérations sont courantes, elles sont de peu de valeur. Il se souviendra avec tristesse de l’instrumentalisation des théories de reconstruction de la langue et de la culture indo-européennes (qui ne visent qu’à établir un modèle théorique permettant de mieux appréhender, dans leur variété, ces langues et ces cultures) dans le but de démontrer la douteuse existence, la prétendue supériorité d’une langue et d’une culture commune à ces peuples. Il aura la nausée en songeant au franc fascisme d’un Brasillach, fascisme qui aurait aimé faire sien, en le détournant de son sens d’origine pour en faire un concept racial, le Surhomme de Nietzsche (le philosophe était philologue classique de formation).

Mais le monde gréco-romain n’est connu du public que partiellement. Il y a donc deux dangers à rester sans réaction face à de telles impostures. (...)