
Athènes, place de la Constitution. Espace public au cœur historique de la ville, lieu de rencontre par excellence et lieu de passage. En surface, ambiance décontractée en ce début mars 2017, et pourtant, trois manifestations symboliques, trois poignées de femmes et d’hommes à bout de leur courage. Une trentaine de chercheurs, contractuels à l’Institut de Recherches Géologiques... stagnantes occupent le trottoir devant le ministère des Finances : “Nous avons la solution, mais nous n’avons pas de travail”. Espoirs usés, vies outrées, joli monde !
Les (rares) manifestations de la période actuelle (2016-2017), ont alors définitivement perdu toute gaité, contrairement à celles du cycle proto-mémorandaire (sous le régime des mémoranda), de 2010 à 2015. SYRIZA est passé aussi par là, après avoir définitivement enterré l’ensemble de la gauche grecque et par la même occasion, dissipé (enfin), les dernières illusions quant au caractère prétendument démocratique et représentatif du système politique. Les idées murissent, les sociétés pourrissent... et les Syrizistes s’enrichissent, dans la plus “grande” tradition des partis clientélistes de la Grèce contemporaine.
Ainsi, les passants baissent la tête, les policiers blasés, observent la scène devant le Ministère des Finances. D’ailleurs, il y a à peine quatre jours, ceux des forces de l’ordre, avaient manifesté autant sur cette même place, un peu plus souriants même, que les autres manifestants !
(...) Moments si burlesques du temps présent, certains jeunes parmi ceux qui n’avaient pas encore quitté le pays, ont... fièrement paradé Place de la Constitution, déguisés en zombies. “Zombie walk” organisé à Athènes pour la deuxième année consécutive, il était peut-être temps (en ce temps mort). Sauf que ce déguisement des participants c’est presque de la réalité (pour les jeunes comme pour les moins jeunes).
Zombies , personnes ayant perdu toute forme de conscience et d’humanité, adoptant un comportement violent envers les êtres humains et dont le mal est terriblement contagieux, ou encore, l’art de détruire la conscience des individus afin de les rendre corvéables à merci. Le philosophe Günther Anders avait déjà annoncé la couleur du temps gris qui est le nôtre : “C’est en tant que morts en sursis que nous existons désormais. Et c’est vraiment la première fois” (dans l’histoire de l’humanité). (...)