
Cette fois, le pâtissier "terroriste" Noël Godin n’a même pas eu besoin d’intervenir pour son huitième entartage. Gloup ! gloup ! Bernard-Henry Levy s’est entarté lui-même. Et quelle tarte à la crème !
Ce devait être le grand retour de l’ancien-nouveau philosophe. Patatras ! Ce ne sera que la découverte du vrai BHL. La promotion de ses deux derniers livres (il publie par paire maintenant), semble compromise par une bourde énorme. Que dis-je, une boulette atomique !
Notre adorateur des plateaux télévisuels vient de se prendre lamentablement les pieds dans le tapis.
En effet, dans son livre " De la guerre en philosophie " (Grasset), notre essayiste chemise au vent, cite les recherches faites sur Kant par le philosophe Jean-Baptiste Botul :
(extrait de la page 122) … " Ou bien encore Kant, le prétendu sage de Königsberg, le philosophe sans vie et sans corps par excellence, dont Jean-Baptiste Botul a montré, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans sa série de conférences aux néo-kantiens du Paraguay que leur héros était un faux abstrait, un pur esprit de pure apparence - et cela à deux titres au moins : le concept de monde nouménal où s’entend l’écho d’une jeunesse spirite, vécue parmi les ombres et les limbes, dans un royaume d’êtres énigmatiques et accessibles par la seule télépathie ; l’idée, ensuite, des catégories de l’entendement, la manie du transcendantal, l’obsession de catégories rigides fonctionnant comme un corset et qui semblent parfois là pour contenir une folie souterraine, donner forme au flux chaotique des sensations, faire barrage à la confusion mentale dont les biographes savent, aujourd’hui, qu’elle le menaçait plus qu’aucun autre - Kant, ce fou furieux de la pensée, cet enragé du concept, dont toute la Critique de la raison pure pourrait se lire, dans ce cas, comme le récit d’un drame intime, une autobiographie secrète et cryptée…Pourquoi est-ce que je dis tout cela ? "…
Problème majeur : Jean Baptiste Botul n’a jamais existé.
Et son ouvrage " La vie sexuelle d’Emmanuel Kant " qui raconte l’histoire farfelue d’une communauté d’Allemands de Königsberg (devenu Kaliningrad) ayant fui au Paraguay pour constituer une colonie strictement régie par la philosophie kantienne, n’est qu’un génial canular du journaliste Frédéric Pagès auteur chaque semaine du Journal de Carla B., dans le " Canard enchaîné ".
C’est le site BibliObs qui a révélé la supercherie. Internet, c’est aussi le talon d’Achille de BHL. Quiconque cherche à s’informer sur l’homme qui ne se trompe jamais, obtient immédiatement une foultitude de références critiques dans lesquelles le " système BHL " a été cent fois disséqué *. Nous comprenons mieux alors, pourquoi les Bourdieu, Deleuze ou Castoriadis ont souvent tourné en dérision ce cuistre penseur.
Bernard-Henri Lévy aime à relater qu’il tutoie Nicolas Sarkozy **, et à s’afficher en compagnie des plus grands patrons tels Pinault, Jean-Marie Messier ou Lagardère. Son crédit "intellectuel" ainsi largement entamé, gageons alors qu’il se réfère maintenant à l’ouvrage de Jean-Paul Sartre Les mains sales, dans lequel un intellectuel pétri d’idéal meurt en criant : " Non récupérable ". Là ! ce n’est plus un canular.
Lionel de Cahors
Semaine 06-10
* Voir l’excellent dossier du Monde diplomatique (2008) intitulé L’imposture Bernard-Henri Lévy, dans lequel 22 journalistes dépècent les pensées béhachéliennes.
** Lors d’un entartage célèbre filmé par Coluche, BHL avait hurlé à Godin : " Lève-toi vite, ou je t’écrase la gueule à coup de talon ! " . Une tonalité qui a fortement inspiré notre président pour s’adresser à son peuple…