
(...) Ceux qui disent avoir des solutions pour résorber le chômage ne sont pas des imbéciles mais des menteurs. Leur seul objectif est de fausser le débat. Il n’y a qu’un débat qui tourne autour d’une seule question : quelle société voulons-nous ?
(...) Une société où l’instrument de mesure est l’Homme, une société dont l’objectif est de satisfaire les besoins de tous ceux qui la composent ou une société bizarre dont le dieu insaisissable est l’économie, dieu qui distribue à quelques uns pouvoir et argent et, à tous les autres, misère, incertitudes et handicaps de toutes sortes : inadéquation au marché du travail, rigidité des comportements, incapacité à gérer sa vie. Une grande catégorie d’idiots qui n’ont même pas le droit de savoir qu’un nuage radioactif les survole [3] et qu’on rend coupable des résultats désastreux que provoquent des choix politiques dont ils sont soigneusement tenus à l’écart.
Quand ces menteurs sont français, ils le sont deux fois plus. (...)
« La France figure au nombre des pays riches de la planète (...). Son PIB par habitant est deux fois supérieur à celui de l’Espagne, 7,5 fois supérieur à celui de la Turquie, il dépasse de 23% celui de la Grande-Bretagne et de 39% celui de l’Italie. (...) L’exigence de solidarité est à la mesure de notre pays (...). La France peut donc et doit -elle en a les moyens- être une nation plus étroitement solidaire ». Discours de G. Dufoix devant l’Assemblée Nationale (présentation du budget de l’aide sociale).
Le salaire social existe en G.B., en Hollande, en Suède et la France a les moyens de se le payer aussi.
Les dirigeants savent parfaitement que chaque année 200 000 emplois fixes disparaissent (INSEE :-23 000 en 84, -130 000 en 85 ; 270 000 annoncés par Seguin pour 86) que 700 000 nouveaux demandeurs arrivent chaque année sur le marché du travail (il faudrait créer 320 000 emplois par an pour retrouver un taux de chômage acceptable en l’an 2000), que malgré la transformation régulière d’emplois fixes en « emplois flexibles » ou si l’on veut précaires (200 000 par an, un total actuel de 2 300 000) permettant de partager le travail et bien entendu le même salaire, que malgré le retour au pays de 50 000 « étrangers », il y a chaque jour que dieu fait 2 600 000 chômeurs (34% de hausse des inscriptions depuis... 81), dont un million officiellement non-indemnisés. La Banque de France estime que « l’adaptation des effectifs demeurant la préoccupation numéro 1 des employeur, cette tendance va continuer ».
(...)
Si l’État libéral c’est l’État qui se libère de ses devoirs de solidarité envers ceux qu’il est censé représenter, alors il y a plus qu’une « société duale », il y a deux sociétés. Et la société des pauvres doit s’organiser [8] pour se protéger, survivre, obtenir la reconnaissance de son existence et proposer à l’ensemble de ceux que l’on ballote au gré des « colères divines » une alternative humaine.