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Rue 89 / Nouvel Observateur
L’historien israélien Zeev Sternhell : « La démocratie est vulnérable partout »
Article mis en ligne le 27 mai 2014
dernière modification le 24 mai 2014

Zeev Sternhell est aussi un homme engagé dans son pays, Israël, où il a été un des fondateurs du mouvement La Paix maintenant favorable aux droits des Palestiniens. Je l’avais interviewé à Jérusalem en 1994 pour Libération, alors qu’il venait de qualifier Baruch Goldstein, un extrémiste juif auteur du massacre d’Hébron, de « nazi juif ». Et voilà que vingt ans plus tard, c’est le grand écrivain Amos Oz qui suscite une polémique en utilisant la même formule à propos d’autres extrémistes juifs dans les territoires palestiniens...

(...) Dans cet entretien à Rue89, Zeev Sternhell porte un regard très critique sur la société israélienne, sur l’idéologie de ses dirigeants mais donc, aussi, de leurs électeurs. Mais ça l’amène aussi à analyser la fragilité des démocraties, dans un pays en tension permanente comme Israël, mais aussi en Europe où, estime-t-il gravement après avoir consacré sa vie à en étudier l’histoire, « rien n’est jamais acquis ».

Entretien. (...)
Chez nous, une masse de gens votent contre leurs intérêts économiques. Ils votent pour une politique qui fait d’eux des pauvres, mais qui leur donne la satisfaction d’être supérieurs aux Arabes. Le nationalisme est plus important que le bien-être matériel.

C’est notre drame. C’est pour cela que nous parvenons pas à pénétrer dans ces villes de développement du Nord comme du Sud, dans des milieux sociaux qui devraient normalement voter pour la gauche...

Il faut dire que la gauche ne présente pas non plus de projet social ou de projet de société. Combien sommes-nous à gauche à dire que le capitalisme produit autant de malheur que de bien, que c’est une machine à fabriquer peu de riches et beaucoup de pauvres ? Le Parti travailliste ne le dit pas.

Quelle est votre définition du sionisme ? Comment vous situez-vous ?

Fondamentalement, le sionisme était un mouvement de libération nationale comme les autres. Jusqu’à la création de l’Etat, tout le reste était secondaire.

Aujourd’hui, la notion même de sionisme a beaucoup changé. Est sioniste celui qui se considère comme un ami d’Israël qui, non seulement, pense que les juifs ont le droit de constituer une communauté politique comme les autres, mais que tout ce qu’ils font est acceptable. (...)

La démocratie est vulnérable parce que les droits de l’homme sont vulnérables. On peut très bien imaginer un régime abject fondé sur le bulletin que vous mettez dans l’urne. Ça s’est vu et ça peut se revoir. (...)