
En ce moment sur le marché historique d’Athènes les touristes se mêlent aux autres badauds du dimanche. Jusqu’à la bousculade. L’hétéroclite connait ses heures de gloire, on en vend partout et même à la sauvette. Car, à part les récupérations de toutes sorte, on sait aussi que de nombreux objets et ustensiles volés dans l’agglomération, y trouvent également leur... aboutissement, pour ce qui tient de la gestion... de leur chaîne logistique. Pas loin, du côté de certaines galeries, on suggère alors que l’art côtoie la crise sans rougir, tandis que par un certain goût pour l’hétéroclisme et pour l’inédit... la carte postale, ou plutôt son concept, devient... souvlaki, autrement-dit, “brochette à la grecque” pour ces excursionnistes.
Athènes devient alors un véritable cabinet de curiosités, un lieu où se trouvent entreposés et exposés des objets et des anachronismes collectionnés, le passé mêlé au futur... ainsi qu’à nous tous. (...)
Pour autant, crise ou pas, nos bouquinistes ne délaissent pas le marché d’Athènes à Monastiraki. Sauf que les collectionneurs peinent désormais à financer leur passion, c’est bien clair et surtout visible. Alors les prix baissent, d’autant plus que nos touristes ne s’intéressent que très rarement aux vieux imprimés, et quant aux disquaires, ils en souffrent également. Au fond d’une ruelle près de la rue d’Héphaïstos, un antiquaire, seul dans sa boutique depuis un moment déjà, essaya alors un gramophone portable des années 1930, peut-être bien pour meubler son temps : “Le moteur a été révisé, pourtant, il ne jouera pas plus d’un disque avec une seule remontée de ressort. Néanmoins la sonorité est toujours si agréable à écouter... je vous le vends seulement 150 euros”. (...)
Nos touristes ou autres visiteurs, n’auront certainement rien su du drame de Clairi. Certains d’entre eux, auraient pourtant vécu leur propre drame sur l’île de Serifos dans les Cyclades, lorsqu’ils ont été évacués via la mer pour ainsi échapper à un incendie alors terrible. Il faut dire que nos systèmes de sauvetage... enfin autre que financier, ont été si gravement atteints depuis l’avènement du troïkanisme, tout comme notre système de santé. Nos touristes malheureusement, le découvrent dans un sens potentiellement et à leur manière. (...)
Comme pour toutes les branches... brisées de notre économie, un large marché noir se développe à grande vitesse. C’est indéniable, d’autant plus, que tout le monde réalise à présent que la seule justice fiscale en cours, est celle imposée par les “créanciers” internationaux et par la caste des politiciens et entrepreneurs grecs qui ont toujours passé outre de toute justice fiscale et de toute justice tout court en attendant. Cotiser même, n’a guère plus tellement de sens dans notre pays dans la mesure ou bientôt, on comptera les fermetures d’hôpitaux mois après mois, comme celles des écoles ou des crèches. N’en déplaise aux... “Stournarosaures” du ministère des Finances, et en dépit de la saignée imposée sans le moindre geste d’équité sociale, les recettes fiscales seront plus que jamais défaillantes. Telle semble être le but non avoué de la Troïka, la “défaillance durable” et qui instaure le régime de l’intimidation et de la “peur éternelle”. (...)