Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
CADTM
L’expert des Nations Unies sur la Grèce : « L’austérité excessive a tué les infirmières et les médecins avant de s’occuper des patients »
Article mis en ligne le 21 mars 2016
dernière modification le 17 mars 2016

Grèce : (...) Le tableau sur l’évolution des dépenses publiques entre 2009 et 2013 est édifiant. Les dépenses sont passées de 128 milliards € à 108 milliards €. Les dépenses de santé publique ont baissé de 42%, les dépenses pour lutter contre l’exclusion sociale ont baissé de 81%, les dépenses liées aux indemnités de chômage ont baissé de 30% alors que le nombre de sans-emplois était multiplié par 3.

Comme le déclare l’expert de l’ONU : « L’austérité excessive a tué les infirmières et les médecins avant de s’occuper des patients » (« the excessive austerity in the public health care sector literally killed first nurse and doctor before treating the patient »)

Un seul poste a augmenté, celui des affaires économiques : c’est dû au sauvetage des banques. Le poste a augmenté de 116%. Précisons que la majeure partie des sommes allouées par la Troïka aux sauvetages des banques n’est pas passée par le budget de l’État et n’apparaît donc pas dans le tableau. Si l’ensemble de l’argent public alloué en Grèce au sauvetage des banques françaises, allemandes, grecques... était pris en compte dans le budget grec, l’augmentation serait beaucoup plus forte. Par contre, ces sommes ont provoqué largement l’augmentation de la dette publique grecque et c’est au peuple grec que cette dette est réclamée.

Un tableau qui vient dramatiquement renforcer les conclusions du rapport d’audit sur la dette grecque. (...)

L’expert indépendant relève que depuis le début de la crise, 230.000 PME ont fermé leurs portes en provoquant la perte de 600.000 emplois. Il ajoute que le programme d’ajustement imposé à la Grèce a produit la suppression de 234.847 emplois dans la fonction publique entre 2009 et fin novembre 2015, une réduction de 26%. Globalement, dans le pays, un million de postes de travail a été supprimé (voir page 15 du rapport).

L’expert de l’ONU considère que le maintien de la réduction du salaire minimum légal viole l’article 7 a ii du Pacte international sur les droits économiques sociaux et culturels (PIDESC). Il ajoute que seuls 10 % des personnes sans emploi reçoivent des indemnités de chômage. En 2014, on estime que 2,4 millions de personnes vivaient en dessous du seuil de pauvreté avec un revenu quotidien inférieur à 12 euros par jour pour un isolé ou inférieur à 6,6 € par personne dans une famille de 4 personnes (2 adultes et 2 enfants) (...)

Page 18 (point 75), le rapporteur souligne que les institutions créancières foulent au pied l’obligation de réaliser une étude préalable sur l’impact humain des mesures qu’ils dictent à la Grèce. Selon lui, les droits économiques et sociaux ont été violés à une large échelle (...)

Le rapport de l’expert est rédigé dans des termes diplomatiques. Le rapport contient des passages très modérés qui peuvent heurter tous ceux et celles qui sont à juste titre indignés face au comportement des créanciers et des autorités grecques. Néanmoins, c’est un rapport qu’il faut utiliser car, comme mentionné plus haut, il contient des arguments puissants à mettre au service de la lutte contre les politiques néolibérales et contre la dette illégitime.