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journal international de médecine
L’ésotérisme dans les facultés de médecine... et le silence des ministères concernés
Paris, le mardi 3 novembre 2015 -
Article mis en ligne le 4 novembre 2015

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) n’a cessé de rappeler dans ses derniers rapports à quel point la santé représentait un secteur à risque. La vulnérabilité des patients les expose en effet peut-être plus encore que les citoyens non malades à la tentation de suivre certains préceptes dangereux et sectaires. Cet enrôlement peut avoir des conséquences néfastes non seulement pour la vie sociale et financière des victimes, mais également pour leur santé physique, si la poursuite des traitements conventionnels est discutée par les "gourous" et autres charlatans.

Cette introduction des mouvements sectaires dans le secteur sanitaire est facilitée par la défiance actuelle vis-à-vis de la médecine "classique", mais également par l’ouverture des institutions officielles à un certain nombre de pratiques ésotériques. Ainsi, les facultés de médecine accueillent de plus en plus de formations où la rigueur scientifique est souvent totalement absente.

On se souvient comment en novembre 2012, un reportage publié par Sciences et Avenir avait révélé que quelques 17 thèses sur la fasciathérapie étaient en cours dans les universités françaises chargées de former les futurs médecins. Rebondissant sur ce phénomène, quelques mois plus tard, un groupe de sénateurs avait considéré comme une priorité l’encadrement et de l’évaluation des 2 600 diplômes universitaires existant en France et dont le contenu pédagogique demeure peu contrôlé.
Se soigner grâce aux mouvements des yeux : mon œil !

Deux ans plus tard, cette recommandation n’a pas été suivie et il demeure assez facile d’accéder à des formations plus que fantaisistes moyennant finance dans plusieurs universités françaises. Dans sa dernière édition, le Canard Enchaîné propose ainsi un florilège de ces "diplômes" : à Metz on se familiarise avec une technique censée "soigner" les traumatismes enfouis grâce aux mouvements des yeux, tandis qu’à Lyon-I la gestaltérapie est librement enseignée. Plusieurs universités proposent par ailleurs de s’initier à la méditation de pleine conscience ou encore à la "programmation neurolinguistique". Si les universités n’hésitent pas à intégrer ces disciplines plus que discutables dans leur panel, c’est d’une part parce qu’elles font face à une demande croissante, mais aussi parce que ces diplômes payants leur permettent souvent de trouver de nouvelles ressources, à l’heure où l’indépendance renforcée des universités crée certaines difficultés.
Ministres aux abonnés absents

Dans le sillage de la Miviludes ou des sénateurs et face aux dangers que représentent une telle "officialisation" de disciplines nullement scientifiques et potentiellement néfastes pour les patients, l’alerte avait été lancée par plusieurs grands noms de la médecine, dont le président de la commission médicale de l’AP-HP et un ancien doyen de la faculté de médecine de Necker, qui avaient trouvé dans le président de la Ligue des droits de l’homme, le Prix Nobel de Chimie Jean-Marie Lehn ou le président de la Ligue contre le cancer des porte-paroles très solides. (...)