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L’épidémie d’Ebola expose la pathologie du système capitaliste
Article mis en ligne le 30 décembre 2014

Le 8 Août, l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré l’épidémie Ebola de l’Afrique de l’ouest comme une urgence de santé publique d’intérêt international. La déclaration est venue 4 mois après le rapport de l’OMS sur l’épidémie majeure Ebola en Guinée en Afrique de l’ouest.

Pendant que des parties importantes des systèmes de santé extrêmement
sous‐développés de la Guinée, du Liberia et de la Sierra Leone sont
virtuellement effondrés, la panique s’est étendue à travers le monde. (...)

L’infection par le virus Ebola n’est pas une nouvelle maladie (EVD : Ebola Virus Disease est le terme officiel) et il a été rapporté il a 40 ans pour la première fois. Anciennement connu sous le nom de fièvre hémorragique Ebola, la maladie est apparue simultanément au Soudan et dans la République Démocratique du Congo en 1976. (...)

5 espèces distinctes du virus Ebola sont connus comme causant l’infection, et leur virulence (càd leur habilité à créer des symptômes sérieux) varie en
fonction des espèces. Alors que le taux de mortalité (càd le pourcentage de personnes infectées qui pourraient en mourir) peut être élevé jusqu’à 90% pour une espèce, une autre espèce connue comme infectant la population en Chine et aux Philippines ne conduit pas à une issue fatale. L’espèce Ebola qui est responsable de l’épidémie actuelle n’est pas la plus virulente, et son taux de mortalité dans la région est de 60%.

Comment se propage Ebola

L’espèce humaine n’est pas la cible première du virus Ebola. Il affecte les humains qui rentrent en contact étroit avec le sang, les sécrétions, les organes et les fluides corporels des animaux infectés. En Afrique les épidémies chez les humains sont dues à la manipulation d’animaux morts ou malades comme des chimpanzés, des gorilles, des roussettes, des ânes, des antilopes, et des porcs. (...)

Contrairement aux autres animaux infectés, les roussettes ne montrent pas de symptômes de la maladie et servent donc comme réservoir du virus Ebola. Ce qui reste encore un mystère est, que l’habitat naturel des roussettes est en Afrique centrale (où la majorité des épidémies ont eu lieu) à des centaines de km de l’épicentre de l’épidémie actuelle de l’Afrique de l’Ouest. L’hypothèse est qu’il y aurait eu un changement majeur de l’habitat des roussettes, ou que l’infection a été importée dans la région par contact humain.

Une fois que le virus a infecté un humain, la transmission d’homme à homme se fait par contact direct (à travers la peau ou les muqueuses) par le sang, les sécrétions, les organes et autres fluides corporels des personnes infectées, et par contact indirect avec l’environnement contaminés par ses fluides. Les inhumations traditionnelles pendant lesquelles les endeuillés rentrent en contact direct avec le mort, peut être une source d’infection. Les travailleurs de la santé qui rentrent en contact avec les personnes infectées sont particulièrement menacées lorsqu’ils travaillent dans des conditions non hygiéniques (càd pas de protection adéquate par l’usage de gants, de masques, etc...). Une fois infectée une personne est capable d’infecter les autres jusqu’à 7 semaines après son rétablissement complet.

La période d’incubation de la maladie – càd le temps entre le moment où la personne est infectée et où elle montre des symptômes varie entre 2 et 21 jours. (...)

Pourquoi une épidémie ?

Pourquoi alors sommes nous confronté à une épidémie dans les régions de l’Afrique de l’ouest ? La réponse ne se situe pas dans la pathologie de la maladie mais dans la pathologie de notre société et dans l’architecture économique et politique mondiale. Ce n’est pas un accident que l’actuelle épidémie Ebola affecte 3 des plus pauvres pays du monde. Le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone sont respectivement le 175, 179 et 183 pays des 187 pays de l’indice de développement humain des nations unies. Leur système de santé est inefficace et inexistant dans beaucoup de régions. L’épidémie actuelle est une épidémie engendrée par la pauvreté qui à son tour est une conséquence de l’inégalité extrême qui est favorisée par le système capitaliste actuel.

Le monde entier tourne son regards vers ces 3 régions, encore que ce n’est pas Ebola qui tue toutes ces personnes. (...)

Le Liberia, la Guinée, et la Sierra Leone ne sont pas pauvres par choix. Ils n’ont pas choisi de ne pas construire des systèmes de santé qui fonctionnent. Des siècles de régime colonial les ont laissé pauvres. Les organismes impérialistes comme la Banque Mondiale, et le FMI génèrent plus de misère à travers leur infâme programme d’ajustement structurel. Il leur a été demandé par ces organismes de ne pas augmenter les dépenses publiques pour le bien être et les services publics. L’OMC leur a promis la lune au nom de la libéralisation des échanges, qui ont dévasté leur économie. Les pays capitalistes développés leur envoient de l’aide comme charité et rapatrient bien plus à travers leurs entreprises. Ces régions pauvres subsidient également les systèmes de santé des pays riches ‐ plus de médecins nés au Liberia, et en Sierra Leone travaillent dans les pays de l’OCDE que dans leurs propres pays. La migration des travailleurs de la santé – qui est quasi un subside direct que les pays pauvres fournissent aux pays riches rend impossible pour les pays de l’Afrique de l’Ouest de construire des systèmes de santé crédibles. (...)

L’ensemble du système de santé a été dépassé dans les régions infectées, et donc a amplifié l’effet sur les autres maladies. Dans la capitale du Liberia , Monrovia, à un moment donné tous les 5 hôpitaux principaux étaient fermés. Depuis certains se sont réouverts mais fonctionnent à peine. Les travailleurs de la santé ayant peur pour leur sécurité, ont fuit. Ils ont peur car pour la raison donnée dans les rapports, que les gants, les blouses et même l’eau potable manquent. Un rapport provenant de la Sierra Leone mentionne que le sang, le vomi, les urines encrassent le sol des hôpitaux. Sans équipement de protection les travailleurs de la santé traitent les patients atteints du virus Ebola portant uniquement des vêtements de salle d’opération. Lorsque les infirmières tombent malades, d’autres font la grève, laissant peu de personnes pour s’occuper des patients tombant de leurs lits.

Dans certaines régions l’économie est à l’arrêt car les gens ont juste trop peur de s’aventurer dehors. Les symptômes des gens qui se méfient d’un système de santé effondré, a été rapporté : les résidents du bidonville situé au point ouest de la capitale de Monrovia ont lancé une opération pour fermer un établissement où étaient en quarantaine des patients Ebola.

Ainsi nous avons une épidémie où il ne devrait pas en avoir. Les mesures de santé publiques de routine ne sont pas de routine ici – elles sont un luxe qui
apparaît durant les épidémies provenant de la charité internationale. Et ainsi le monde s’inquiète de voir l’infection voyager et anéantir leur confortable existence. (...)