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L’éolien industriel, faussement écolo mais vraiment répressif
Article mis en ligne le 3 février 2018
dernière modification le 2 février 2018

L’éolien industriel s’appuie sur un mensonge majeur, affirme l’auteur de cette tribune : il serait une énergie parfaitement « verte », « propre », « renouvelable ». Les mécanismes de ce discours écoblanchissant ont été analysés par les militants de l’Amassada, lieu emblématique de l’opposition à l’éolien industriel. Ils sont exposés à une vive répression.

Tous les jours, nous entendons la même petite musique : « L’énergie est notre avenir, économisons-la », « L’élec-verte, vous vous y mettez quand ? », « EDF, changer l’énergie ensemble »… Propagande des énergéticiens en tout genre pour nous faire accepter cette idée qu’ils sont et seront les « sauveurs de l’humanité », ceux qui répareront, comme on répare une machine en panne, le climat de la planète. Ceux qui « solutionneront » la hausse dramatique des températures, ceux qui seront les géo-ingénieurs prêts à contrôler une « Nature » devenue trop chaotique. Mais cette caste de grands industriels n’a pas seulement pour but de poursuivre son extractivisme délirant, de produire de l’énergie, toujours plus d’énergie — quoi qu’il en coûte de la vie sur Terre — mais aussi de produire du mensonge. Qu’il y ait, présentement, une transition énergétique menée par les grands groupes du nucléaire, du gaz, du pétrole, paraît tellement grossier qu’il faut un paquet de mensonges bien ficelés pour faire accepter la farce. Le greenwashing opéré par la prétendue transition est maintenant dénoncé sur la place publique. Le dernier livre de Guillaume Pitron, La guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique, en est un exemple : notre mode de vie « high-tech et vert » ne tient que par les chaînes d’extraction de métaux rares dans les mines de Chine. Avec les désastres humains et environnementaux qu’on connaît. Mais ce sont ces « métaux stratégiques », qui seuls rendent possibles la production de toutes nos batteries de voitures électriques, nos iPhone, nos écrans plats, nos tablettes et bien sûr les aimants de nos éoliennes industrielles.

Un coup de semonce répressif

Emboîtant le pas à cette critique, cela fait plus de trois ans que nous nous mobilisons, depuis l’Amassada, contre ce greenwashing. Trois ans pendant lesquels les mécanismes sordides des grands groupes de l’énergie ont été décryptés. Trois ans d’analyses avec la collaboration d’historiens, d’ingénieurs, de militants, de praticiens, d’artisans, pour montrer que la solution ne viendra pas du « tout électrique », ni des « réseaux intelligents », ni des « objets connectés » que promeuvent EDF, RTE, Enedis et consorts mais bien d’inventions low tech, de politiques de décroissance radicale, d’agroécologie, de constructions autonomes, de décisions locales et en assemblées populaires, d’expérimentation sociale, d’une nouvelle culture collective née de la lutte. (...)

lorsque, le 25 janvier dernier, 13 habitants et habitantes de plusieurs communes du sud de l’Aveyron se voient embarqués par un contingent de plus de 80 gendarmes, au prétexte qu’ils auraient participé au blocage d’un chantier éolien, de quoi s’agit-il sinon d’un coup de semonce ? Un coup de semonce qui annonce les opérations policières pour détruire le hameau de l’Amassada, pour détruire ce qui a été créé depuis trois ans contre l’implantation du méga transformateur RTE.

Le dispositif est connu depuis la criminalisation des mouvements sociaux et le ciblage des militants écologistes par le harcèlement judiciaire. C’est une technique courante depuis la COP21 pour affaiblir les contestations (...)

ce que RTE fait mine de ne pas comprendre, c’est que la solidarité, eh bien ! elle ne passe pas par des lignes THT. Elle passe à même les rencontres entre les corps, à même la mise en commun de nos idées. Les assemblées de lutte, ici, comme ailleurs, si elles ont pris comme point de départ l’opposition au transformateur et aux éoliennes industrielles qui l’accompagnent, ont été bien au-delà de cette opposition en politisant tous les aspects de la vie quotidienne. C’est évidemment à cette légitimité de s’organiser sans eux, de décider sans ses experts mandatés, que RTE tentera de s’attaquer. Et ils le feront avec la force de ses juristes et de la police. Mais ils trouveront devant leurs machines notre solidarité à nous tous. Seule la lutte transforme.