
Vendredi 8 juin, l’IRSN a remis un rapport comparant les types d’entreposage des combustibles nucléaires usés. Et pour la première fois en France analyse l’entreposage à sec. Enjeu caché : l’avenir de la filière française de retraitement.
L’entreposage des combustibles nucléaires usés en piscine pratiqué en France est-il sûr ? Plus ou moins que l’entreposage à sec, dans des conteneurs par exemple, procédé auquel recourent la plupart des autres pays nucléarisés ? À l’heure où se peaufine un projet de nouvelle mégapiscine d’entreposage dans la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire (Cher), et quelques mois après un rapport accablant sur la sécurité des piscines commandé par Greenpeace France, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a été chargé le 26 mars dernier par la commission d’enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité nucléaires de démêler ces épineuses questions. (...)
Mais son rapport, dévoilé vendredi 8 juin dans ses locaux de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), se garde bien de trancher. « La piscine est indispensable pour les combustibles nucléaires usés peu refroidis, et l’entreposage à sec convient bien pour les combustibles refroidis. D’autre part, le type de combustible va influencer le choix du type d’entreposage choisi, en fonction de sa chaleur. Enfin, la puissance thermique d’un combustible — c’est-à-dire sa chaleur — est un paramètre déterminant pour la sûreté de l’entreposage », a résumé Jean-Christophe Niel, directeur général de l’IRSN.(...)
Pour mieux comprendre, retour dans le cœur du réacteur, où se produit la réaction nucléaire.(...)
Des avantages et des inconvénients à chaque type d’entreposage
Quoi qu’il en soit, c’est après la première phase de refroidissement en piscine que la question du choix entre un entreposage à sec et un entreposage sous eau se pose. La décision devient alors politique et dépend de l’avenir envisagé pour les combustibles nucléaires usés : retraitement ou stockage définitif.(...)
« L’eau est un bon caloporteur, c’est-à-dire qu’il évacue bien la chaleur », a apprécié M. Niel. En revanche, en cas de perte d’eau, d’immenses quantités de combustible concentrées au même endroit (plus de 9.900 tonnes de combustible sont entreposées les bassins de l’usine de retraitement de La Hague dans la Manche) ne seraient plus refroidies, une réaction nucléaire pourrait se déclencher et ses conséquences en seraient dramatiques. Le résumé du rapport décrit « des conséquences très importantes pour l’environnement, avec une impossibilité d’accéder au proche voisinage de la piscine du fait du débit de dose induit par les combustibles, en l’absence d’atténuation des rayonnements par l’eau ». « L’accident de Fukushima a montré que les piscines avaient des vulnérabilités », a admis le directeur général de l’IRSN.(...)
En arrière-fond, la question de l’avenir de la filière de retraitement française
En comparaison, l’entreposage à sec, particulièrement adapté pour les combustibles bien refroidis, est décrit comme plus facile à mettre en œuvre. « Il peut être passif, c’est-à-dire qu’il n’y a pas forcément besoin d’y prévoir un système de ventilation. Il suffit que de l’air circule autour des conteneurs. En outre, si un accident survenait, ses conséquences seraient moindres. Enfin, sa construction est plus rapide, environ cinq ans », a expliqué M. Niel. Avec un point de vigilance toutefois : ce type d’entreposage, parfois dans des conteneurs soudés et étanches, rend difficile la surveillance du vieillissement des gaines à base de zirconium qui entourent les pastilles de combustible et qui constituent la première barrière de confinement de la radioactivité. (...)