Bien placé pour remporter les élections régionales ce week-end en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, le Front national a fait d’Hénin-Beaumont, ville qu’il dirige, son « laboratoire politique ». Reporterre a rencontré des habitants et le maire, Steeve Briois, pour parler écologie, et regarder derrière la « façade ripolinée ».
Depuis sa victoire aux municipales de 2014, Steeve Briois dirige cette commune de 27.000 habitants devenue la vitrine du parti nationaliste. Une des villes les plus en vue, gagnées au suffrage universel, un suffrage universel qui représente le graal frontiste. Même si seulement moins d’un tiers des électeurs inscrits ont voté pour lui, Steeve Briois a bien été élu dès le premier tour, le 23 mars 2014. Et, dix-huit mois plus tard, cette victoire se serait transformée en plébiscite : « S’il y avait une élection municipale dimanche prochain, je gagnerais à 65 ou 70 % dès le premier tour », fanfaronne l’édile local. (...)
Plus encore qu’une vitrine, Hénin-Beaumont apparaît comme l’allégorie de la « mascarade du FN » en matière d’écologie [1]. « Quel Héninois sait que la mairie FN valide un parc éolien dans la Somme (sur des terres lui appartenant) après avoir voté contre de tels projets sur son propre territoire ? », dit Marine Tondelier, la jeune mais tenace opposante écolo d’Hénin-Beaumont, seule élue EELV au conseil municipal. Le FN continue ainsi à tenir des discours anti-éolien, en acceptant les éoliennes chez les autres… (...)
Cette schizophrénie s’applique in fine à l’ensemble de la politique municipale, comme en témoignent les traitements subis par le Secours populaire ou la Ligue des droits de l’homme (LDH). « Le Front national cherche à lisser son image par une politique démagogique de séduction des citoyens, autour de fêtes populaires, de réalisations symboliques – comme l’inauguration d’une stèle au général de Gaulle – ou de mesures spectaculaires de protection, avec la vidéosurveillance par exemple, analyse Alain Pruvot, président de la LDH à Hénin. Mais derrière cette façade ripolinée, qui porte certes ses fruits, c’est nettement moins réjouissant. »
Quand le journaliste interroge Steeve Briois à ce sujet, il finit par s’entendre dire qu’on mérite « un bon coup de pied au cul »… (...)
Une violence verbale dont des responsables politiques témoignent quand ils décrivent les manifestations publiques ou conseils municipaux tenus par le maire. (...)