
Etonnante oubliée dans les discussions climatiques : l’armée. Mais tant en ce qui concerne les émissions de gaz que dans l’éventuelle « solution » des problèmes causés par le chaos climatique, la chose militaire est en première ligne.
Le monde devrait se féliciter de certains hasards du calendrier. Grâce à un sommet à New York auquel avaient été conviés les dirigeants du monde par Ban Ki Moon, la « marche‘pour le climat » a coïncidé avec la Journée internationale de la paix célébrée comme il se doit depuis 2001, conformément à une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU. Ce fut une occasion idéale, inespérée, d’additionner les consciences des écologistes et des pacifistes.
Une combinaison qui se justifie : non seulement les perturbations climatiques représentent une arme au service des forces armées ; mais le dérèglement climatique auquel nous assistons est un facteur de guerres et les conflits armés en gestation vont hypothéquer tout avenir durable auquel nous aspirons. Bref, il y avait vraiment de quoi louer cette synchronisation : faire coïncider les enjeux du climat et ceux de la paix !
Mais voilà, les initiateurs de cette marche relayée par Avaaz ont carrément oublié de faire ce lien, à l’image de cette maison qui brûle tandis que nous regardons ailleurs. A qui la faute ?
Triste ironie de l’histoire, la journée d’Alzheimer tombait aussi ce jour-là. Les allergiques à la polémologie (science des conflits inventée par Gaston Bouthoul) méritent donc quelques piqûres de rappel. (...)
Si les climatologues ne prennent pas la peine de répertorier la part des émissions de C02 que produisent les infrastructures du complexe militaro-industriel, restons vigilants ! Le ministère britannique de la Défense avoue être responsable de 70% de toutes les émissions de dioxine de carbone émises par l’Etat. Et que le ‘monsieur climat’ de sa Gracieuse Majesté était jusqu’à récemment un amiral.
Dans leurs bureaux du septième étage de l’Organisation mondiale de la météorologie, les experts du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) omettent curieusement de mesurer l’empreinte carbone des dix premières entreprises de l’armement dans le monde. (...)
Les négociations à Copenhague ont piétiné…aussi parce que les Américains ont fait savoir qu’ils refuseraient que soient comptabilisées les activités militaires sur leurs cinq cents bases à travers le monde.
Aujourd’hui, espérons que ceux et celles qui réclament des « avancées » pour la conférence climatique de décembre 2015, ne vont pas oublier d’exiger du gouvernement français qu’il signe et ratifie la convention ENMOD. La grande majorité des Etats membres de l’Union européene y ont adhéré. Toutes les puissances nucléaires (même la Corée du Nord), l’ont signée, hormis Israël. Que ceux et celles qui réclament des ‘fonds verts’ pour « sauver le climat » n’occultent pas les montants des dépenses militaires qui pourraient être réaffectées ailleurs. Car nul ne pourra se consoler des échecs onusiens sous prétexte que les Objectifs du Millénaire pour le Développement vont être recyclés en Objectifs du Développement Durable. (...)
L’occasion manquée du 21 septembre 2014 fait apparaître que la militarisation du monde est l’angle mort de l’écologisme. Une vision dont il serait salutaire de se défaire. Sans l’oublier.