L’initiative de l’Union européenne (UE) visant à enregistrer et à relever les empreintes digitales de tous les migrants et réfugiés arrivant en Italie et en Grèce provoque le chaos. Sur l’île de Lesbos en particulier, le nouveau système retarde davantage l’enregistrement des nouveaux arrivants, et des milliers de personnes attendent en plein air depuis plusieurs jours.
L’introduction de « hotspots » - terme par lequel l’Union européenne désigne les principaux points d’arrivée, où il est prévu d’instaurer des systèmes d’enregistrement et de prise d’empreintes plus rigoureux pour les migrants et les réfugiés – est un élément phare du plan controversé prévoyant la relocalisation de 160 000 demandeurs d’asile présents en Italie et en Grèce vers d’autres États membres, sur deux ans.
Approuvé par les dirigeants européens le mois dernier, ce programme de relocalisation n’en est qu’à ses balbutiements : seuls deux hotspots sont opérationnels à ce jour, et seuls 89 Érythréens et Syriens ont été transférés d’Italie en Scandinavie jusqu’à présent. Mais l’approche des hotspots se heurte déjà à de sérieux problèmes. (...)
à Lesbos, l’ouverture cette semaine du premier hotspot de Grèce - au centre d’accueil de Moria, non loin de Mytilène - semble n’avoir qu’ajouté à la confusion et aggravé les souffrances des réfugiés. (...)
Bien que les enregistrements aient lieu 24 heures sur 24, un manque d’interprètes, d’officier de police et de scanners d’empreintes digitales est à déplorer. L’Allemagne a fait don de 12 scanners, mais les autres États membres n’ont pas matérialisé leurs promesses de fournir davantage de matériel et de garde-frontières. Seuls 291 officiers de police ont été dépêchés par les États membres de l’UE sur les 775 requis par l’agence européenne de surveillance des frontières Frontex pour l’aider à gérer les hotspots en Grèce et en Italie.
Jeudi, l’enregistrement des familles syriennes avait été retransféré à Kara Tepe, et 16 000 personnes étaient toujours en attente d’enregistrement sur l’île. Certains attendaient en plein air depuis cinq jours, souvent sous une pluie battante, en luttant pour ne pas perdre leur place dans la queue.
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Tandis qu’à Kara Tepe le HCR et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont instauré un système de tickets pour organiser l’enregistrement et fournissent des tentes, de la nourriture et d’autres services de base avec l’aide d’autres ONG et des bénévoles, à Moria aucun système n’a encore été mis au point pour gérer la foule.
Les non-Syriens et les hommes syriens célibataires doivent faire la queue sans eau, sans toilettes, et sans la moindre protection face aux éléments. Les plus vulnérables perdent régulièrement leur place dans la queue, les familles sont séparées et des extorsions sont commises par certains réfugiés qui prétendent que l’enregistrement est payant. La nuit, lorsque les travailleurs humanitaires rentrent chez eux, il devient encore plus difficile de contrôler la foule. Des échauffourées éclatent régulièrement, et la police anti-émeute a recours à la force et à des tirs de gaz lacrymogène pour rétablir l’ordre. (...)