
Il y a eu Olympe de Gouges et Simone de Beauvoir, le MLF et l’engagement de Simone Veil pour l’avortement. Mais derrière ces figures tutélaires entrées dans la postérité, se cache un autre récit tout aussi somptueux que déterminant du mouvement pour l’égalité entre les sexes.
Dans une histoire des féminismes de 1789 à nos jours, trois historiennes (Bibia Pavard, Florence Rochefort et Michelle Zancarini-Fournel) rétablissent la généalogie dans sa continuité, redonnent place aux figure féministes qui, engagées au cours de ces siècles, sont parfois tombées dans l’oubli. La flamboyante citoyenne révolutionnaire Claire Lacombe, qui aimait à se vêtir en amazone, ouvre cette grande fresque. Telle Adèle Haenel qui se lève et se casse en 2020, cette comédienne, à Marseille en 1789, monte à la capitale en 1792, s’illustre durant la prise des Tuileries le 10 août, interprète la déesse de la Liberté dans les défilés et les fêtes publiques. Puis les archives perdent sa trace… étoile filante de l’histoire (...)
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Ne nous libérez pas, on s’en charge
Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours
Bibia PAVARD, Florence ROCHEFORT, Michelle ZANCARINI-FOURNEL
Comment les féminismes ont-ils émergé en France ? Doit-on parler de « féminisme bourgeois » ? Quels liens ont existé entre féminismes et socialismes ? Y a-t-il eu des féminismes noirs ? Les féministes étaient-elles toutes colonialistes ? Existe-t-il des féminismes religieux ? Comment s’articulent mouvements lesbien, gay, trans et mouvements féministes ? Quel a été le rôle du féminisme institutionnel ? Qu’est-ce qui est nouveau dans les groupes féministes aujourd’hui ? Qu’est-ce que révèle #Metoo sur la capacité des femmes à se mobiliser ?
Ce livre entend fournir quelques clés indispensables afin de penser les féminismes d’hier et d’aujourd’hui à la lumière des grands défis contemporains, des inégalités sociales, raciales et de genre. Cette sociohistoire renouvelée des féminismes rend compte des stratégies plurielles déployées par les femmes et les hommes féministes qui ont combattu les inégalités entre les sexes et l’oppression spécifique des femmes, de la Révolution française à nos jours. (...)
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(...) « Tout au long de l’écriture, ce souffle de révolte nous a portées sans étreindre le soucis de véracité historique, mais en espérant que ce livre, grâce à la connaissance du passé, participe pleinement de l’ « insurrection féministe” » (...)
Toutes les trois historiennes, elles ont choisi d’organiser leur ouvrage de manière chronologique pour rendre compte des différents mouvements féministes de 1789 à nos jours. Elles y interrogent les liens entre « féminismes, genre et politique, d’une part et l’intersectionnalité, à savoir l’imbrication des dominations multiples, d’autres part ». Ainsi, c’est donc une sociohistoire des féminismes revisitées à la lueur des questionnements actuels qui est proposée ici, ce qui constitue donc un véritable apport dans la bibliographie de l’histoire des féminismes. C’est d’ailleurs le principe de la sociohistoire que de « se placer dans une problématique inspirée des enjeux du présent en vue d’en restituer la généalogie » comme le précisent les autrices.
Les féminismes au pluriel
Ici, il est toujours question des féminismes au pluriel. Cet usage est tout d’abord lié à la volonté des autrices ne pas définir le féminisme mais bien d’en exposer les différents sens qu’il a pu prendre au cours de l’histoire. De plus, elles réaffirment que l’histoire des féminismes est avant tout celle des conflits au sein de ce qu’elles appellent « les nébuleuses contestataires féministes » qui ont malgré tout en commun de critiquer la domination masculine et des normes de genre. De quoi mettre l’accent donc sur les dissensus comme moteurs et de réancrer les débats internes contemporains dans une histoire plus longue. Les conflits ne desservent pas la cause comme on peut souvent lire, mais, au contraire, participent de l’émulation et de l’avancée des luttes féministes. (...)
Il est évidemment grisant de voir l’année dans laquelle nous vivons écrite dans un livre d’histoire. Ce volumineux ouvrage n’a d’ailleurs pas de conclusion, car l’histoire des féminismes, elle, n’est pas terminée.
On le referme donc avec un léger frisson et la conscience aiguë de vivre dans l’histoire qui est en train de se faire, et surtout, l’envie de prendre sa part dans l’insurrection féministe.