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L’alibi économique
Article mis en ligne le 17 novembre 2010

À l’heure où, en France, le gouvernement d’extrême droite plurielle durcit une nouvelle fois la législation sur l’entrée et le séjour des étrangers, il nous paraît aussi opportun de rappeler la logique d’ensemble dans laquelle, hélas, ces extrêmités sont inscrites, et qui se joue à l’échelon européen. C’est ce que propose le texte qui suit : extrait du très recommandable ouvrage du collectif Cette France-là, il revient sur l’exceptionnelle solidarité qui existe entre les États membres de l’Union européenne en matière de « maîtrise des flux migratoires » – en d’autres termes : de guerre aux immigrés.

(...) Leur détermination commune à ne donner que l’illusion du mouvement ne suffit pourtant pas à convaincre les membres de l’UE d’harmoniser leurs programmes de relance économique, de conjuguer leurs efforts de modération dans la lutte contre le réchauffement climatique ou encore d’adopter la même manière de signifier poliment leur désapprobation aux institutions financières qui renouent avec leurs pratiques d’avant l’été 2008.

En revanche, les États signataires du Pacte européen sur l’immigration et l’asile sont unanimes pour juger que le contrôle des flux migratoires est un problème tellement considérable qu’il réclame de leur part autant de coopération que de vigilance. Dans ce cas précis, le diagnostic partagé débouche non seulement sur des décisions similaires, mais également sur une action concertée. Aussi convient-il de s’interroger sur les causes d’une pareille solidarité. (...)

Si cet exposé des maux causés par une immigration excessive est indéniablement de nature à justifier le zèle dont les gouvernements européens font preuve pour protéger leur territoire et leurs citoyens, il présente néanmoins l’inconvénient d’être démenti par les faits. Depuis une décennie, en effet, tous les rapports que les institutions internationales ont consacrés aux migrations – qu’il s’agisse du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), de la Banque mondiale ou même de la Commission européenne – répètent inlassablement ce qu’aucun économiste sérieux n’ignore, à savoir que si les flux migratoires du Sud vers le Nord se sont bien densifiés depuis 1989, ce phénomène s’est avéré bénéfique tant pour les pays d’accueil que pour les pays d’origine et pour les migrants eux-mêmes. (...)

à terme, l’enjeu auquel l’Europe va se mesurer ne consistera pas à dissuader les migrants de lui demander l’hospitalité mais bien à se montrer suffisamment attractive pour conjurer son propre déclin. (...)

’édition de 2008 du rapport annuel de la Commission européenne intitulé « L’emploi en Europe » :
«  les immigrants récemment arrivés ont largement contribué à la croissance globale de l’économie et de l’emploi (près d’un quart) dans l’Union depuis 2000, sans qu’il y ait eu de répercussions majeures sur les salaires et les emplois nationaux. Ils ont clairement permis de résorber les pénuries de main-d’œuvre et de compétences en étant généralement recrutés dans les secteurs où la demande était la plus forte, notamment dans les emplois peu qualifiés. Les données indiquent qu’ils sont généralement, avec les salariés originaires de l’Union, dans un rapport de complémentarité plutôt que de substitution et qu’ils contribuent à la flexibilité du marché du travail. » (...)