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le Monde Diplomatique
L’Unesco en danger
Article mis en ligne le 7 septembre 2013
dernière modification le 4 septembre 2013

Dans à peine un mois, l’Organisation des Nations unies pour la science et la culture (Unesco) aura élu un nouveau directeur général ou renouvellera le mandat de l’actuelle titulaire du poste, la bulgare Irina Gueorguieva Bokova, pour une période de quatre ans (2013-2017). En ce mois de septembre, les discussions ont commencé entre les cinquante-huit Etats membres du Conseil exécutif qui choisiront, par vote à bulletin secret, le nom de la personnalité qu’ils recommanderont à la Conférence générale, pour le vote final de novembre 2013.

L’indifférence des grands médias est assourdissante : qui s’intéresse, en dehors de quelques rares réseaux sociaux, à cette belle au bois dormant qu’est devenue l’Unesco depuis plus d’une décennie ? Alors, comme l’a dit sous forme de boutade provocatrice du cinéaste Frédéric Rossif, « l’Unesco, inutile comme Mozart ? ». Quoi de plus noble, en effet, que d’avoir pour mission la défense de l’idée que l’éducation, la science et la culture, constituent des moyens décisifs pour atteindre la prospérité et la paix, des valeurs aussi enrichissantes et immatérielles que l’œuvre du compositeur autrichien ?

L’Acte constitutif de l’Unesco, adopté à Londres en novembre 1945, affirme que c’est le « reniement de l’idéal démocratique, de dignité, d’égalité et de respect de la personne humaine et (...) la volonté de lui substituer, en exploitant l’ignorance et le préjugé, le dogme de l’inégalité des races et des hommes [qui a conduit à] la grande et terrible guerre qui [venait] de finir (1) ». Il précise encore « qu’une paix fondée sur les seuls accords économiques et politiques des gouvernements ne saurait entraîner l’adhésion unanime et durable et sincère des peuples et que, par conséquent, cette paix doit être établie sur le fondement de la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité (2) ». L’organisation doit se montrer créative pour défendre les valeurs culturelles face aux valeurs marchandes.

L’Unesco traverse une crise majeure entamée avec la fin des subventions américaines en novembre 2011. Par son retrait financier, Washington entend sanctionner l’admission de la Palestine comme Etat membre. Le budget de l’organisation est ainsi amputé de 22 %. (...)

Plus de trois cents employés travaillant au siège de l’Unesco, à Paris et dans ses nombreux bureaux régionaux à travers le monde, sont menacés de licenciement dès la fin de 2013. Cependant, comme le soulignent des fonctionnaires sous couvert d’anonymat, la Cour n’a nulle part demandé de « procéder à une réduction drastique du personnel » comme l’a pourtant affirmé la directrice générale en s’adressant au personnel le 16 juillet 2013 : « l’effort [doit porter] sur les facteurs les plus critiques de la gestion plutôt que sur un nombre limité de procédures administratives moins susceptibles de contribuer significativement à un rééquilibrage de l’économie d’ensemble de l’Organisation (5) ». Seuls 15 % des programmes prévus seraient aujourd’hui mis en œuvre. (...)

Mais il serait trop facile faire porter la critique sur la seule direction générale. Tout autant qu’avec celle-ci, c’est la manière dont se comportent les Etats membres eux-mêmes, et en particulier, de la France, pays qui héberge l’organisation et celles des pays de l’Union européenne, qui explique autant, si ce n’est plus, les dysfonctionnement relevés par la Cour. (...)