Dans une lettre dévoilée fin mars par l’ONG Statewatch, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen indique vouloir mettre l’accent sur la surveillance de la frontière entre la Turquie et la Bulgarie pour réduire le nombre de migrants arrivant en Europe. Pour cela, une enveloppe de quelque 600 millions d’euros est prévue par Bruxelles. Mais, depuis des années, les garde-frontières bulgares sont visés par de graves accusations de violences, vols, refoulements et refus de dépôts de demande d’asile.
Face à la hausse des demandes d’asile au sein de l’Union européenne (UE), Bruxelles cherche des solutions pour freiner les arrivées de migrants. Cela passe par une plus grande surveillance des frontières extérieures de l’UE et une accélération du traitement des procédures d’asile et de retour. (...)
Les Balkans sont particulièrement concernés par ces mesures car cette voie, de plus en plus empruntée pour venir jusqu’en Europe, est devenue la principale route migratoire vers l’UE avec une augmentation de 170 % des arrivées sur les 10 premiers mois de 2022 par rapport à l’année précédente. (...)
"La Commission travaille avec les autorités bulgares pour finaliser l’évaluation des besoins [à la frontière]. Frontex a également examiné les besoins communs à toutes les frontières extérieures. [L’agence] devrait parvenir à des conclusions lors de son conseil d’administration la semaine prochaine, en identifiant les opérations clés pour le renforcement de la protection des frontières", a indiqué la responsable européenne dans cette lettre.
Mais ce projet de financement de surveillance de la frontière bulgaro-turque choque des groupes de défense des droits humains. (...)
Lorsqu’ils sont arrêtés par la police sur le territoire bulgare, les migrants sont quasi-systématiquement violentés. (...)
"[Les policiers] nous ont ordonné de nous asseoir sur un bout de trottoir : ils ont pris nos téléphones, notre argent et nous ont dit de nous déshabiller pour vérifier qu’on ne cachait rien dans nos sous-vêtements. Au début, les garde-frontières ont commencé par les hommes. Une fois qu’ils avaient tout vérifié sur nous, on a pu se rhabiller et se rasseoir par terre […] Puis, ils sont passés aux trois femmes. Elles ont dû se dénuder complètement. Les unes après les autres, elles ont été violées par les garde-frontières sous nos yeux", a-t-il témoigné. (...)
"[Les policiers] nous ont ordonné de nous asseoir sur un bout de trottoir : ils ont pris nos téléphones, notre argent et nous ont dit de nous déshabiller pour vérifier qu’on ne cachait rien dans nos sous-vêtements. Au début, les garde-frontières ont commencé par les hommes. Une fois qu’ils avaient tout vérifié sur nous, on a pu se rhabiller et se rasseoir par terre […] Puis, ils sont passés aux trois femmes. Elles ont dû se dénuder complètement. Les unes après les autres, elles ont été violées par les garde-frontières sous nos yeux", a-t-il témoigné. (...)
L’association No Name Kitchen, qui vient en aide aux migrant dans les Balkans depuis 2017, a recueilli le même genre de récits de violences, de refoulements et de détention illégale. (...)
"À partir de 2018, nous avons commencé à avoir des témoignages de personnes qui disaient avoir évité le pays à cause des violences", explique à InfoMigrants Baraba Becares, chargée des relations avec la presse de No Name Kitchen. Depuis, ni les violences, ni les expulsions ne diminuent. Selon Diana Dimova, présidente de l’ONG Mission Wings Foundation, "les brutalités ont nettement augmenté" et les "refoulements massifs" sont désormais courants en Bulgarie. La police bulgare, elle-même, dit avoir empêché 164 000 tentatives de passages en 2022, contre 55 000 un an plus tôt. (...)
Récemment, une enquête du collectif Lighthouse report et de plusieurs médias a permis de mettre en lumière la détention illégale dans le pays. (...)
Malheureusement, la situation dans le pays n’est pas sur le point de s’améliorer. Candidate à l’intégration dans l’espace Schengen, la Bulgarie a été recalée en février en raison de l’afflux de migrants à sa frontière. Une raison de plus de durcir sa gestion des frontières.