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Chroniques du Yeti
"L’Innocence des musulmans" et les émeutes : mèche courte
Article mis en ligne le 15 septembre 2012

« Mèche courte », ricanait James Coburn dans le film de Sergio Leone, “Il était une fois la révolution”, à propos d’un bâton de dynamite venant de pulvériser celui qui l’avait allumé. Les bricoleurs de “L’Innocence des musulmans” n’avaient sans doute pas la prétention de rivaliser avec Leone. Mais le fait est que la situation explosive qu’ils ont créée est en train de péter à la figure de tout le monde.

On ne se demandera pas pour quelles diable raisons a été réalisée cette lamentable pochade, aussi irresponsable que les caricatures de Mahomet publiés en leur temps dans un journal danois et reprises par Charlie Hebdo avec cette solennité pompeuse qu’affichent ceux qui se proclament garants de la “liberté d’expression”.

Comme les Danois et Charlie Hebdo, les auteurs de “L’Innocence des musulmans” se sont trompés de cibles. Plutôt que de s’attaquer aux dingues de l’islamisme obtus et barbu, ils les ont amalgamés à l’ensemble des populations musulmanes. On en voit aujourd’hui le brillant résultat ! Les populations se soulèvent et les barbus exploitent la situation en se frottant les mains de tant d’aubaine. (...)

Que le film soit des plus stupides, qu’il ait été fait “innocemment” ou par pure provocation importe finalement peu. Il met à nu une situation mondiale proprement explosive. Un rien semble désormais prêt à l’enflammer, que cette œuvrette minable ne saurait seule expliquer. Tout et tous paraissent dramatiquement prêts en réalité pour la grande déflagration. Mèche très très courte.

Les révolutions arabes de 2011 ont été les prémisses révélateurs — stupéfiants pour bien des observateurs — du feu qui couvait. La tournure prise ces derniers jours s’avère beaucoup moins romantique. De Libye au Maroc, en passant par le Yémen, l’Égypte, la Tunisie, le Soudan, le Kenya… ce sont la fureur et le sang qui s’emparent du pavé.

Et personne qui ne soit en mesure de prédire quand et comment sera maîtrisée l’incendie. Ni où reprendront les foyers. Ni dans quel sens souffleront les vents dominants. Encore moins ce qu’il adviendra du tourbillon ainsi déclenché. La raison est rarement maîtresse des ouragans humains et du déchaînement des frustrations. (...)