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L’Inavouable
Retour sur le génocide rwandais et ses complicités françaises par Patrick de Saint-Exupéry
Article mis en ligne le 14 avril 2014

Rédigées il y a cinq ans, en mars 2009 à l’occasion de la réédition du livre L’Inavouable. La France au Rwanda, les lignes qui suivent reviennent sur la responsabilité française dans le génocide de 1994, et son interminable occultation. Nous les republions, avec l’amicale autorisation des Editions Les Arènes, à l’occasion du vingtième anniversaire du génocide.

Je suis allé pour la première fois au Rwanda en 1990, comme journaliste. J’avais 28 ans. François Mitterrand était à l’Élysée, Michel Rocard à Matignon.

J’y suis retourné en 1993, puis en 1994 pendant le génocide, toujours comme reporter. J’avais 31 ans. François Mitterrand était à l’Élysée, Édouard Balladur à Matignon.

En 1998, j’ai publié dans Le Figaro une longue enquête sur la France et le Rwanda. J’avais 35 ans. Jacques Chirac était à l’Élysée, Lionel Jospin à Matignon.

En 2004, j’ai écrit L’Inavouable, La France au Rwanda. J’avais 41 ans. Jacques Chirac était à l’Élysée, Jean-Pierre Raffarin à Matignon.

Nous sommes en 2009. J’ai 46 ans. Nicolas Sarkozy est à l’Élysée, François Fillon à Matignon.

Et le dossier rwandais toujours sur la table.

Son intitulé tient en un mot : complicité. Ce mot est terrible. Chaque fois qu’il l’entend, Hubert Védrine dit : « C’est monstrueux… » Et, immanquablement, l’ancien Secrétaire général de l’Élysée sous Mitterrand assène qu’il est « monstrueux » d’accuser la France de complicité dans le dernier génocide du XXe siècle.

Si la question était « La France, complice ? », Hubert Védrine n’aurait pas tort. Mais ce n’est pas la bonne question. Celle-ci est bien plus simple. Et c’est pour cela qu’elle l’effraie et qu’il fait tout pour l’enterrer.

La question est : François Mitterrand, complice ? (...)