Dans le pays, premier exportateur mondial de charbon, activistes et chefs d’entreprise ont pris les devants. Glencore va y plafonner sa production
Un monde sans charbon. En Australie, l’un des principaux producteurs de la planète et premier exportateur mondial, l’idée fait frémir. Et pour cause : en 2018, le pays, qui a enregistré sa vingt-septième année de croissance d’affilée, a exporté pour 66,2 milliards de dollars australiens (41,4 milliards d’euros) du minerai. Une manne à laquelle il n’est pas près de renoncer.
Les deux grands partis politiques de l’île-continent l’ont immédiatement rappelé au député travailliste Richard Marles qui, le 20 février – à moins de trois mois des élections législatives, prévues au plus tard le 18 mai –, a évoqué les bienfaits pour l’environnement d’un éventuel écroulement de la demande mondiale. Le gouvernement conservateur l’a accusé de vouloir détruire l’un des piliers industriels nationaux et de mettre en péril « plus de 50 000 emplois ». Sous la pression de son propre parti, l’élu a dû rectifier le tir. « Le charbon a clairement un rôle important et durable à jouer », a-t-il déclaré. (...)
Mais à l’intérieur du pays, où la production d’électricité repose encore pour près des deux tiers sur des centrales à charbon, les électeurs placent désormais la question environnementale parmi leurs priorités. L’Australie, qui est aussi l’un des premiers pollueurs de la planète par habitant, a été touchée par une série de catastrophes naturelles ces derniers mois.
Pour atteindre les objectifs fixés lors de la Conférence de Paris (COP21) en 2015 – à savoir une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 26 % en 2030 par rapport à 2005 –, Canberra devrait adopter une politique à long terme et, d’abord, décarboner le mix énergétique du pays.
« Croyance idéologique dans l’industrie minière »
Lundi 25 février, le premier ministre Scott Morrison a annoncé un plan de 2 milliards de dollars australiens destiné, entre autres, à indemniser les agriculteurs et les industriels qui s’engageraient à réduire leur empreinte carbone. Le dirigeant conservateur n’a cependant pas renoncé à soutenir la construction de nouvelles centrales à charbon, alors que les investisseurs préfèrent miser sur les énergies renouvelables, dont le coût de production est de moins en moins élevé. (...)