
Dans une résolution adoptée à la quasi-unanimité, les députés ont appelé, mardi, le gouvernement à faire de même, pour répondre à la forte attente de Kiev au sujet de ce souvenir douloureux. Les « insoumis » n’ont pas pris part au vote et deux députés communistes ont voté contre.
L’Assemblée nationale a reconnu, mardi 28 mars, comme un génocide l’Holodomor, cette famine provoquée au début des années 1930 en Ukraine par les autorités soviétiques, à l’origine de la mort de plusieurs millions de personnes.
Dans une résolution adoptée à une quasi-unanimité (168 voix contre 2), les députés ont appelé le gouvernement à faire de même, pour répondre à la forte attente de Kiev au sujet de ce souvenir douloureux, ravivé par l’invasion russe du pays.
« Reconnaissance envers les députés de l’Assemblée nationale pour cette décision historique », a réagi le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans un tweet publié en français peu après le vote. (...)
Les « insoumis » n’ont pas pris part au vote, estimant qu’il y avait des doutes sur le caractère génocidaire de ces événements au regard du droit international. « Nul ne peut nier la réalité du crime », mais « s’agissait-il d’exterminer le peuple ukrainien en tant que tel ? », a demandé le député LFI Bastien Lachaud.
Les communistes sont les seuls à avoir voté contre, considérant que les parlementaires n’étaient pas légitimes pour se substituer aux historiens et aux juges. « Nous refusons de contribuer à la politisation des enjeux de mémoire et d’histoire », a expliqué le député Jean-Paul Lecoq. (...)
L’Assemblée invite le gouvernement à acter, lui aussi, cette qualification de génocide et lui demande d’« encourager sur la scène internationale un libre accès aux archives relatives à l’Holodomor, plus particulièrement en Fédération de Russie » pour documenter les faits.
Le ministre délégué au commerce extérieur, Olivier Becht, a évoqué face aux députés la « résonance évidente avec l’actualité » de leur résolution. Il l’a soutenue, même s’il « n’est pas dans les habitudes du gouvernement de reconnaître comme génocide des faits qui n’ont pas été préalablement qualifiés comme tels par une juridiction ». (...)
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Europe : Le Parlement reconnaît l’Holodomor comme génocide
Les députés déplorent que 90 ans après l’Holodomor, la famine provoquée en Ukraine à l’époque soviétique, la Russie commette de nouveaux crimes en Ukraine.
Dans une résolution adoptée ce jeudi, le Parlement européen reconnaît la famine infligée par le régime soviétique à l’Ukraine dans la période de 1932 et 1933, connue sous le nom d’Holodomor, comme un génocide. Les députés condamnent fermement les actes qui ont entraîné la mort de millions d’Ukrainiens, et appellent tous les pays et organisations qui ne l’ont pas encore fait à suivre cet exemple et reconnaître le génocide.
Le passé rejoint le présent
Le Parlement affirme que le blanchiment et la glorification du régime totalitaire soviétique et la renaissance du culte du dictateur soviétique, Joseph Staline, ont conduit à ce que la Russie soit aujourd’hui un État promoteur du terrorisme. Les députés condamnent également les horribles crimes russes perpétrés une fois de plus contre le peuple ukrainien, comme la destruction ciblée des infrastructures énergétiques civiles pendant l’hiver.
En établissant des liens avec l’époque soviétique, la résolution accuse le régime russe actuel de saper la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, de chercher à éliminer l’Ukraine en tant qu’État-nation et de détruire l’identité et la culture de son peuple. Elle condamne également le fait que la guerre en cours a entrainé une crise alimentaire mondiale. La Russie détruit et pille les réserves de céréales de l’Ukraine et continue à rendre difficiles les exportations de céréales ukrainiennes vers les pays les plus démunis du monde.
En outre, les députés souhaitent que l’UE et les pays tiers sensibilisent l’opinion aux événements de l’Holodomor et aux autres crimes commis par le régime totalitaire soviétique. Tout en condamnant le régime russe actuel pour avoir manipulé la mémoire historique pour sa propre survie, le Parlement demande à la Fédération de Russie, en tant que principal successeur de l’Union soviétique, de présenter des excuses pour ces crimes.
La résolution est disponible dans son intégralité en cliquant ici. Elle a été adoptée par 507 voix pour, 12 contre et 17 abstentions.