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Libération
L’« AQUARIUS », VAISSEAU ADMIRABLE : La BD italienne vient d’être traduite en français.
Marco Rizzo (texte) Lelio Bonaccorso (dessin) A bord de l’Aquarius Traduit de l’italien par Hélène Dauniol-Remaud. Futuropolis, 128 pp., 19 €.
Article mis en ligne le 19 janvier 2019

Précise et didactique, la BD documentaire de Marco Rizzo et Lelio Bonaccorso dépeint les actions de l’ex-navire humanitaire et rapporte les témoignages de migrants et de sauveteurs.

L’Aquarius est mort, vive l’Aquarius ! Ce bateau humanitaire, qui portait secours aux migrants entre l’Europe et la Libye, a fait l’objet de nombreux reportages, documentaires, films et livres. Il a désormais sa bande dessinée. Sortie l’an dernier en Italie, A bord de l’Aquarius vient d’être traduite en français aux éditions Futuropolis. Une parution qui prend une saveur particulière puisqu’elle intervient un peu plus d’un mois après que l’Aquarius a annoncé, le 6 décembre, mettre fin à ses activités. Les organisations qui l’affrétaient, SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, n’étaient pas parvenues à trouver un pays qui leur accorderait un nouveau pavillon, indispensable pour naviguer, et l’Italie avait décidé de leur fermer ses ports siciliens où les rescapés débarquaient jusqu’alors. Depuis, une poignée d’autres navires d’ONG ont repris la mer, non sans difficultés. Comme l’ONG allemande Sea Watch qui a dû garder à bord des rescapés une vingtaine de jours, aucun pays ne l’autorisant à accoster. Ou l’Espagnole ProActiva Open Arms, empêchée de quitter le port de Barcelone depuis cette semaine. Dans ce contexte, où porter secours est de plus en plus difficile, la bande dessinée écrite par Marco Rizzo et illustrée par Lelio Bonaccorso est précieuse, parce qu’en racontant ce qu’a été l’Aquarius, elle rappelle que les histoires de migrations, aussi terribles soient-elles, peuvent être aussi des histoires de fraternité. (...)

« Quand vous visitez un centre pour réfugiés, vous pouvez rentrer chez vous et fermer la porte, abonde Marco Rizzo. Mais à bord vous ne pouvez pas vous dire que vous êtes journaliste et que vous n’avez qu’à regarder et raconter, car vous êtes submergé. Même s’il ne s’agit que d’aider à distribuer de la nourriture, bien sûr que vous le faites. Cela permet également d’appréhender le sujet de l’intérieur. On vérifie ce qu’on rapporte, mais nous choisissons aussi nos histoires de façon un peu militante. »

Large public. Le choix du sujet n’est pas anodin, celui du médium non plus. Les auteurs avaient déjà publié ensemble des ouvrages sur la Shoah ou la mafia. « Sur le bateau, tout le monde nous a dit : "Vous devez raconter notre histoire en Italie." Mais ce sont des choses terribles. D’expérience, je trouve que la BD est utile pour raconter des choses compliquées, juge Lelio Bonaccorso. Les autres journalistes sont venus avec des caméras, des appareils photo, moi seulement avec du papier et de l’aquarelle. Je me suis senti comme un extraterrestre vis-à-vis des migrants, des sauveteurs… (...)

Pour Marco Rizzo, l’intérêt de la bande dessinée réside aussi dans le public qu’elle peut toucher, plus large que les seules personnes a priori intéressées par le sujet (...)