
le 05 septembre 2020, mourait Aleksandra, bébé née prématurément après une intervention policière sur le littoral proche de Calais. Un an plus tard, un collectif de soutien, composé d’universitaires, de militant·es, d’artistes et d’associations, demande que toute la lumière soit faite sur cette affaire.
Dans la nuit du 1er au 2 septembre 2020, aux environs de 4h du matin, sur le littoral à proximité d’Oye-Plage (62), une patrouille de gendarmerie interpelle un groupe d’exilé·es sur le point de franchir la Manche à bord d’un zodiac. Les gendarmes détruisent l’embarcation et confisquent les gilets de sauvetage des réfugié·es.
Parmi les personnes interpellées se trouvent Rupak Sharif et Hazhar Ibrahim, un couple originaire du Kurdistan irakien, et leurs deux enfants, Anas (9 ans) et Ilarya (2 ans).
Peu de temps après l’interpellation, Rupak, enceinte de 35 semaines, ressent de vives douleurs et perd les eaux. Rupak et Hazhar demandent à plusieurs reprises l’aide des gendarmes pour se rendre en urgence à l’hôpital. Ces derniers refusent systématiquement et vont maintenir de force le groupe d’exilé·es dans le froid, sur la plage, pendant plusieurs heures avant de les abandonner sur les lieux.
Les exilé·es tentent alors de se rapprocher de la route la plus proche afin de trouver de l’aide.
Ce n’est qu’aux alentours de 7h que les secours sont contactés et qu’une ambulance est enfin envoyée sur place. Rupak est prise en charge en urgence au centre hospitalier de Calais où elle subit une césarienne. Elle donne naissance à Aleksandra qui souffre de nombreuses pathologies, dont une hémorragie pulmonaire, et est immédiatement placée sous assistance respiratoire.
Trois jours plus tard, malgré les efforts du corps médical, l’état de santé d’Aleksandra ne s’améliore pas. Avec l’accord de ses parents, la décision est prise d’arrêter l’assistance respiratoire. Le soir même, Aleksandra décède.
Traumatisé·es par les circonstances de la mort d’Aleksandra, Rupak et Hazhar ont décidé de déposer plainte contre X pour « violences volontaires » et « non-assistance à personne en danger » le 19 février 2021.
Anticipant la médiatisation de cet évènement tragique et la mise en cause des forces de l’ordre, le 3 mars 2021, le préfet du Pas-de-Calais a publié un communiqué qui exempte les gendarmes de toutes responsabilités. (...)
Les autorités ont fait du Calaisis un territoire où les droits des personnes étrangères sont en permanence piétinés et où la seule loi
en vigueur pour elles est celle de la matraque et de l’arbitraire policier raciste.
Dans le même temps, les autorités britanniques ne cessent d’encourager politiquement et financièrement ces politiques violentes et meurtrières au nom de « la lutte contre l’immigration illégale ». (...)
Les autorités ont fait du Calaisis un territoire où les droits des personnes étrangères sont en permanence piétinés et où la seule loi en vigueur pour elles est celle de la matraque et de l’arbitraire policier raciste.
Dans le même temps, les autorités britanniques ne cessent d’encourager politiquement et financièrement ces politiques violentes et meurtrières au nom de « la lutte contre l’immigration illégale ». (...)
La mort d’Aleksandra Hazhar n’est pas un acte isolé. Depuis 1999, plus de 300 décès de personnes étrangères ont été recensés à cette frontière.
Mortes en tentant de franchir la frontière, cachées dans la remorque d’un camion, électrocutées par un caténaire du site d’Eurotunnel ou noyées dans la Manche, mortes d’insuffisance de prise en charge médicale ou des suites d’une intervention des forces de l’ordre.
La mort d’Aleksandra Hazhar est donc bel et bien la conséquence de politiques publiques, nées d’une succession de traités et d’accords bilatéraux entre la France et le Royaume-Uni, qui ont fait de cet espace transfrontalier une zone mortifère pour les personnes exilées. (...)
Nous, signataires de cette tribune, nous déclarons solidaires de Rupak et Hazhar et réclamons que justice soit faite pour et en mémoire d’Aleksandra Hazhar.
Nous exigeons que toute la lumière soit faite sur la responsabilité exacte des gendarmes, mais aussi des autorités administratives et politiques dans ce drame et dans la mise en place de politiques meurtrières à Calais et dans la région.