
Le funeste lundi 13 juillet 2015 peut revendiquer un seul précédent. Le 4 août tout aussi funeste du parti Social-démocrate allemand au parlement de Berlin, qui a sonné le début de la tragédie du XXe siècle. Une tragédie dont les conséquences se font sentir encore aujourd’hui…
Et pourtant, aujourd’hui comme alors, tout ce gâchis avait été précédé par des dizaines, voire des centaines de serments de fidélité aux valeurs du socialisme, au Non inébranlable que les socialistes allaient adresser aux chantages de la droite, du capital et des bourgeois. « Plus jamais la guerre » ils promettaient alors. « Je ne deviendrai pas un nouveau Papadimos » nous disaient-ils hier.
Mais, hélas, nos bons bureaucrates ont cédé aux pressions : ils ont voté alors les crédits de guerre et ils ont consenti aujourd’hui à la transformation de la Grèce en colonie de la dette. Naturellement, tout en affirmant toujours « qu’ils ont évité le pire » et tout en promettant que très bientôt ils vont revenir au droit chemin.
Évidemment, nous savons que la suite des événements a été tout autre. Non seulement ils ne sont pas revenus sur leurs pas… socialistes, mais ils se sont éloignés de plus en plus vite de leurs racines, pour arriver finalement à traverser le Rubicon de classe et se transformer en bons et loyaux gestionnaires du système capitaliste et de sa…barbarie.
Cependant, attention. La marche des bureaucrates vers leur total avilissement et la complète trahison de leurs aspirations juvéniles, a -et continue d’avoir- sa propre logique implacable. Pour atteindre son infamie actuelle, la social-démocratie a dû non seulement nettoyer de ses rangs les impénitents des « lignes rouges » de son passé, mais aussi à les exterminer !
(...) aujourd’hui comme alors l’enjeu est tellement historique d’importance vitale qu’il nous oblige à sortir au plus vite de notre perplexité et de notre confusion actuelle. C’est-à-dire, avant qu’il ne soit trop tard non seulement pour les citoyens et gens de gauche grecs mais aussi pour les travailleurs et la Gauche dans l’Europe toute entière. Et cela parce que ce Syriza –souvent idéalisé- a été jusqu’à hier la référence et l’espoir des millions des gens dans notre vieux continent, et l’actuelle soumission sans conditions de sa direction menace d’avoir des conséquences catastrophiques et de longue durée bien au-delà des frontières grecques.
En d’autres termes, c’est maintenant l’heure des grandes décisions puisque ça urge pour chacun et chacune de nous – en Grèce et en Europe - de choisir qui abandonnera et qui accompagnera pour le reste de la route ! Oui, c’est sûr que ce choix n’est ni facile ni anodin surtout à un moment où la Gauche et les mouvements sociaux ne sont pas au sommet de leur forme. Pourtant, il nous est imposé par les terribles dangers de nos temps, par les nuages noirs de la menace néofasciste qui s’amoncellent au-dessus de l’Europe, par l’actuelle arrogance et l’insolence sans limites du capitalisme triomphant qui ne peut promettre que des grands malheurs à l’humanité.
Il y a un siècle, le début de la nécessaire reconstruction et recomposition avait eu comme point de départ un certain Zimmerwald. Quel pourrait être le Zimmerwald de nos temps si difficiles et dangereux ? (...)