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Journée de l’Education : Le droit d’avoir un enseignant qualifié n’a pas de prix
Article mis en ligne le 25 janvier 2019

En cette Journée Internationale de l’Education (24 janvier), rappelons que le droit de tout enfant d’avoir un enseignant formé et qualifié est encore loin d’être respecté. Ce droit a un coût non négligeable que de nombreux pays, y compris parmi les plus développés, ont bien du mal à assumer. La qualité de l’enseignement en pâtit sévèrement et menace sérieusement l’avenir des générations futures.

Pour celles et ceux qui ont l’opportunité d’aller à l’école, nombre d’entre eux y vont sans matériel, s’assoient par terre, sans stylo ni feuille de papier, et n’ont pas de « bons enseignants ». Résultat, 617 millions d’enfants aujourd’hui ne savent pas lire une simple phrase, y compris pour les 399 millions d’enfants d’entre eux qui passé plusieurs années sur les bancs de l’école. Faute de matériels et de pédagogies adéquats sûrement. Faute de « bons enseignants » sans aucun doute.

Avoir un enseignant diplômé, pas si évident

Par « bon » enseignant, il faut entendre, comme l’explique l’UNESCO, un enseignant a minima formé, soit ayant satisfait aux exigences minimales de la formation d’enseignant préalable à l’exercice pour enseigner à un niveau d’éducation spécifique. A distinguer de l’enseignant qualifié, qui, lui, possède lui au moins les titres académiques minimaux requis pour enseigner des matières à un niveau donné. Le fait est qu’il n’existe aujourd’hui aucune norme officielle internationale en matière de formation des enseignants. Celle-ci varie donc d’un état à un autre tant dans sa forme, sa durée que son contenu. Certains enseignants sont donc formés, d’autres ont des diplômes sans pour autant avoir suivi la formation pédagogique. D’autres encore n’ont rien, ni formation, ni qualification. Tout simplement parce que la formation d’un enseignant a tendance à se réduire comme peau de chagrin en fonction des besoins du pays en enseignants. En effet, plus un pays aura besoin d’enseignants, plus il aura tendance à abaisser le niveau des professeurs afin d’en recruter plus facilement, plus rapidement, allant même jusqu’à engager des professeurs sans aucune qualification. Le métier « enseignant » connaissant aujourd’hui une véritable crise des vocations, on ne s’étonnera pas - malheureusement- de voir les recrutements d’enseignants sans diplôme se généraliser. Au détriment bien sûr de la qualité de l’enseignement. (...)

Enseignant, un métier sous-financé

Aujourd’hui 60% des dépenses en éducation dans les pays en développement viennent des états eux-mêmes. Demande leur a été faite en vue d’atteindre l’éducation pour tous d’ici 2030 d’accroître leur budget éducation à hauteur de 20% de leur budget national. Si tant est qu’ils l’atteignent tous _ cela reste peu probable tant l’effort est de taille_ cela ne suffira probablement pas à financer la totalité d’une formation de qualité pour les enseignants. Leur demander davantage reviendrait à accroître les frais de scolarité imposés aux familles. Un sérieux coup de pouce est donc attendu de l’aide internationale allouée à l’éducation. Mais les niveaux actuels ne suffiront pas pour combler les 39 milliards d’euros par an qu’il manque aujourd’hui selon l’UNESCO pour atteindre une éducation de qualité d’ici 2030. La Réunion Mondiale sur l’Education qui s’est tenue les 3-5 décembre 2018 a appelé à mobiliser davantage de ressources pour atteindre l’Objectif de Développement Durable n° 4 (ODD 4) demandant notamment aux pays donateurs d’augmenter leur aide au développement à hauteur de 0.7% du PNB comme ils s’y sont engagés. Pour rappel en 2017, seuls le Royaume-Uni, le Danemark, le Luxembourg et la Suède l’ont atteint parmi les membres du CAD. La France, même si elle a augmenté son aide au développement pour atteindre 0.43% en 2017, reste très largement en deçà des 0.7% du PNB et ne prévoit pas aujourd’hui de les atteindre. (...)

D’importantes décisions sont attendues cette année en matière d’éducation avec notamment la révision par le Forum Politique de Haut Niveau 2019 de l’ODD 4 et par la tenue en août prochain du G7 dont la France assure depuis quelques jours la présidence. « Nous continuerons à mobiliser des financements internationaux en faveur d’une éducation universelle et de qualité, y compris pour l’accès des filles à l’école et pour la formation des enseignants. » a annoncé Jean-Yves le Drian, Ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères lors de son discours à la communauté diplomatique à Biarritz le 18 décembre dernier, faisant ainsi de la formation des enseignants l’une des priorités du G7 France.

Pourquoi ne pas définir des normes internationales en matière de formation des enseignants ?

De l’avis des enseignants et experts de l’éducation, il serait largement temps. L’absence de formation, les conditions ingrates de travail, le manque de reconnaissance ou encore la faiblesse des salaires ont conduit le métier enseignant à une crise sans précédent. (...)

le nombre d’enfants à scolariser ne cessera de s’accroître dans les années à venir, atteignant jusqu’à 444 millions d’enfants en Afrique Subsaharienne seulement en 2030. Ne pas confier ces jeunes à des enseignants formés et qualifiés, capables de leur donner les clefs pour être les citoyens de demain, serait un crime impardonnable.