
Philippin d’origine, lauréat du prestigieux prix Pulitzer, Jose Antonio Vargas révélait en 2011 être un immigré clandestin. Un choc dans le pays. Depuis, il se bat pour la cause des candidats au rêve américain.
Il a couvert la campagne électorale de 2008 pour le Washington Post. A écrit pour le prestigieux New Yorker l’un des portraits les plus fouillés de Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook. A remporté le prix Pulitzer, la récompense suprême du journalisme outre-Atlantique. Pourtant, Jose Antonio Vargas risque d’être expulsé des Etats-Unis.
En juin 2011, le journaliste lâche une bombe. Dans un long récit autobiographique publié dans le New York Times, ce Philippin, installé aux Etats-Unis depuis son enfance, révèle être un immigré clandestin. Un « coming out » décidé dans un moment de découragement, après l’échec politique du Dream Act, un projet de loi visant à régulariser certains sans-papiers. Son geste provoque une déflagration médiatique et relance le débat sur l’immigration aux Etats-Unis. (...)
Aujourd’hui, Jose Antonio Vargas gère un emploi du temps de businessman. Il nous aura fallu trois semaines de mails, de messages sur Facebook et Twitter, de coups de téléphone... pour décrocher une interview. Quand on le rencontre enfin, il a les traits tirés, l’air fatigué. Comme pour se justifier, il nous montre son agenda surchargé. Un jour à New York, le lendemain dans le Wisconsin, le surlendemain dans le Minnesota... pour une multitude de conférences et de rencontres. « Je n’ai pas le droit de douter, de flancher », dit-il, comme pour se donner du courage. A 31 ans, le jeune homme a créé le mouvement indépendant « Define American ». Son but ? Interpeller les politiques sur la question de l’immigration clandestine, permettre aux sans-papiers de raconter leur histoire et inciter les citoyens à s’emparer enfin du sujet.
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Le lendemain de notre rencontre, sur une route du Minnesota, où il allait tenir une nouvelle conférence, il s’est fait arrêter au volant d’une voiture de location. Son permis de conduire étant invalide, car il reposait sur un faux certificat de domiciliation, le policier l’a placé en détention puis transféré aux services de l’immigration. A quelques semaines de l’élection présidentielle, le clandestin le plus célèbre d’Amérique a fini par être relâché. Son statut l’a protégé. Mais s’il ne s’était pas appelé Jose Antonio Vargas, son rêve américain se serait peut-être arrêté là.