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Libération
Jeune, « sois sage et tais-toi » : enseignant·e·s et avocat·e·s disent non !
Un collectif de professeurs et d’avocats
Article mis en ligne le 12 décembre 2018

Un large collectif condamne les multiples atteintes aux droits fondamentaux des citoyens qui ont lieu depuis une semaine et appelle à agir de concert, localement, pour défendre l’Etat de droit et la liberté d’expression.

Tribune. Depuis près d’une semaine, une mobilisation s’amplifie contre les réformes se répercutant sur l’avenir des lycéens (réforme des lycées professionnels et généraux, réforme du baccalauréat, sélection à l’entrée de l’université, inégalités sociales et scolaires entre établissements). Ces mobilisations spontanées ont fait l’objet d’un nombre important d’interpellations et de placements en garde à vue diligentés par les forces de l’ordre et le ministère public. Aux abords de nos établissements et de permanence au sein des commissariats, nous avons été témoins directs ou indirects de nombreuses irrégularités lors de certaines interpellations et gardes à vue.

Par conséquent, nous, professeurs et avocats, réaffirmons que l’Etat de droit, en toutes circonstances, et en tous lieux, s’impose à tous, et que nul ne peut s’y soustraire. Ce principe essentiel est le propre d’une société démocratique, où nul n’est supérieur à la loi. Or, à ce jour, nous nous alarmons des multiples atteintes aux droits fondamentaux des citoyens.

Traitement dégradant et indigne
D’une part, nous constatons des violations graves et répétées aux droits de la défense. En effet, nous avons assisté à des interpellations préventives, collectives et indifférenciées des lycéens manifestants avec, dans de nombreux cas, un usage non strictement nécessaire et disproportionné de la force par les agents de police. En outre, certaines de ces interpellations ont pu faire l’objet, comme à Mantes-la-Jolie, de scènes filmées, dont l’origine est inconnue à ce stade et où les lycéens font l’objet d’un traitement dégradant et indigne. De plus, de nombreux mineurs auraient été auditionnés sans que leurs droits fondamentaux n’eussent été respectés : absence d’assistance d’un avocat dès le début de la garde à vue, absence d’enregistrement vidéo des auditions, absence d’information aux parents, prolongations systématiques de garde à vue de certains mineurs.

Entrave à la liberté de réunion

D’autre part, nous déplorons des atteintes dangereuses aux libertés publiques telles que la liberté d’expression et de manifestation. En effet, nous nous inquiétons de l’amalgame entretenu, par différents ministères, entre les manifestants qui exercent leur droit le plus strict à exprimer leurs opinions, dans le respect des lois de la République, et les fauteurs de troubles (...)

Enfin, nous, fonctionnaires, contractuels du service public de l’Education et acteurs du service public de la Justice, nous réaffirmons la nécessité de maintenir des services publics de qualité et pour tous. Nous appelons de nos vœux l’ensemble des professeurs et des avocats à agir de concert, localement, pour défendre l’état de droit et la liberté d’expression, dans le respect des lois de la République. A cet effet, nous avons créé un réseau de professeurs et d’avocats prêts à soutenir et accompagner les lycéens et personnels de l’éducation dont les droits ne seraient pas respectés au cours des prochaines mobilisations à contacter à l’adresse suivante : reseau.educ.justice@gmail.com.

Nous mettons à disposition de tous un document rappelant les droits de chacun en cas d’interpellation et/ou de garde à vue.