
L’attaque terroriste de mercredi soir à Jérusalem n’aurait dû surprendre personne. Après tout, deux nations vivent dans le Pretoria de l’État d’Israël. A la différence des autres zones occupées, il y aurait là une certaine égalité entre les deux peuples : cartes d’identité bleues accessibles pour tous, liberté de mouvement, impôt foncier payable à la municipalité, sécurité sociale – tous Israéliens. Mais Jérusalem sombre dans les mensonges. Elle est devenue la capitale israélienne de l’apartheid.
A l’exception d’Hébron, aucun endroit ne subit un régime de séparation aussi criant et cynique. Et maintenant que la botte israélienne s’abat encore plus fort sur la capitale, la résistance dans le ghetto-en-devenir s’intensifie : battus et opprimés, abandonnés et pauvres, emplis de sentiments de haine et d’un appétit de vengeance.
L’insurrection est en route. Quand la prochaine vague de terreur émergera des ruelles de Jérusalem Est, les Israéliens prétendront être surpris et furieux. Mais il faut dire la vérité : en dépit de l’incident choquant de mercredi, les Palestiniens se révèlent être une des nations les plus tolérantes de l’histoire. Arrestations massives, colons violents, privations, expulsions, manque de soins, dépossessions – et ils demeurent silencieux, excepté la récente manifestation des pierres.
Il n’existe aucune désillusion dont la ville ne souffre pas. La capitale n’en est une qu’à ses propres yeux ; la cité unie est l’une des plus divisées de tout l’univers. L’égalité alléguée est une plaisanterie et la justice est foulée aux pieds. L’accès libre aux lieux saints n’existe que pour les Juifs (et oui, pour les vieux musulmans). Et le droit au retour est réservé aux Juifs.
Un résident palestinien de Jérusalem est maintenant en bien plus grand danger d’être lynché qu’un Juif à Paris. Mais ici, il n’y a personne pour réveiller Caïn. A la différence du Juif parisien, le Palestinien peut être expulsé de Jérusalem. Il peut aussi être arrêté terriblement facilement. (...)