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Libération
« Je ne suis plus seule » : l’actrice Charlotte Arnould espère que d’autres femmes porteront plainte contre Gérard Depardieu
#femmes #violencessexuelles #Depardieu #Metoo
Article mis en ligne le 30 avril 2023
dernière modification le 29 avril 2023

La jeune actrice, qui a porté plainte contre l’acteur pour viol en 2018, s’est exprimée dans le magazine « Elle » après l’enquête de « Mediapart », dans laquelle treize femmes ont témoigné.

Elle évoque « un grand soulagement ». Ce sentiment de « ne plus être seule ». L’actrice Charlotte Arnould s’exprime ce mercredi pour la première fois dans Elle depuis la publication de l’enquête de Mediapart dans laquelle treize femmes accusent Gérard Depardieu de violences sexistes et sexuelles. Treize femmes dépeignant le même « mode opératoire » pour des faits qui seraient survenus entre 2004 et 2022. Cette enquête fouillée, publiée le 11 avril, fait suite à la mise en examen pour « viols » et « agressions sexuelles » de l’acteur, après la plainte déposée en 2018 par la comédienne Charlotte Arnould. L’acteur de 74 ans a démenti, par la voix de ses avocats, « l’ensemble des accusations susceptibles de relever de la loi pénale ».

Sur ces treize victimes présumées interrogées par Mediapart, trois auraient « apporté leur témoignage à la justice, mais aucune n’a porté plainte », selon le média en ligne. Un double processus de silenciation : la crainte que « leur parole pèserait peu face au monument du cinéma français », ruinant au passage leur carrière, mais aussi celle d’être confrontée à une justice qui les ignore. Moins de 10 % des victimes de violences sexuelles commises hors du cadre familial portent plainte, selon les dernières données du ministère de l’Intérieur, et plus de 70 % des plaintes pour violences sexuelles sont classées sans suite.

« Donner du poids à mon histoire »

« Parmi celles qui ont parlé à Mediapart, il y en a pour qui les faits ne sont pas prescrits. J’espère que certaines seront prêtes à porter plainte », a dit Charlotte Arnould au magazine féminin. « Il y a maintenant treize témoignages connus, mais à mon avis on est bien en deçà de la réalité », estime-t-elle, en précisant que « Marine Turchi [la journaliste de Mediapart qui signe l’enquête, ndlr] dit que depuis l’enquête, elle a continué à recevoir des témoignages » (...)

La Cour d’appel a confirmé la mise en examen en mars 2022. « Officiellement, je ne suis plus seule ! C’est triste d’en arriver là, mais ça donne aussi du poids à mon histoire et à mon dossier », appuie Charlotte Arnould lors de cet entretien.
« Depardieu, c’est la France, on n’y touche pas »

A l’été 2018, la jeune femme, sur les rails d’une carrière de danseuse mais souffrant d’anorexie, change de voie et est retenue pour une pièce mise en scène par Fanny Ardant, Passion. A son invitation, elle se rend chez l’acteur, un « ami de la famille », au courant de sa « maladie », qu’elle considérait comme son « petit père du cinéma » et en qui elle avait « forcément confiance ».

Sa plainte, déposée à Lambesc (Bouches-du-Rhône), fuite dans la presse. Elle raconte avoir alors craint des représailles des soutiens russes de l’acteur. Lorsque sa plainte est classée sans suite, Charlotte Arnould est « effondrée » mais se porte partie civile et l’enquête reprend. En décembre 2021, choquée de voir que « rien ne se passe » et que Gérard Depardieu continue sa carrière « alors que je survis », elle révèle son identité sur Twitter. « Dans le monde professionnel, c’était très frileux. Il y a une omerta énorme », estime-t-elle, en colère contre Fanny Ardant qui parle d’un « désenchantement amoureux ». (...)