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Libération
Japon : la cure atomique
Article mis en ligne le 16 février 2012
dernière modification le 13 février 2012

les Japonais ont reçu pour consigne, depuis dix mois, d’économiser le courant coûte que coûte. Chacun imagine donc toutes sortes de parades pour ne pas avoir froid. Le sous-vêtement technique en fait partie. Il est, dans toutes les chaumières, le pilier de la panoplie thermique de l’ère post-Fukushima.

C’est que, depuis le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars 2011, le pays doit affronter une ère de grande mutation énergétique, le nucléaire étant quasi en berne.

. (...) Dès le début de l’été, de grandes affiches apposées dans les gares, les aéroports, les centres commerciaux et les mairies ont incité les Japonais à « économiser l’énergie ». Le gouvernement a alors fixé les objectifs, plus ou moins drastiques selon les régions . (...)

Résultat, au terme d’un effort populaire considérable et discipliné consenti par les entreprises comme par les particuliers : en juillet et août, le pays a réussi à réduire de 20% sa consommation électrique. Alors que la canicule cognait et que le tsuyu, l’humidité, collait à la peau, des millions de Japonais, patients et résilients dans l’âme, se sont passés de leurs climatiseurs, même quand ils étouffaient. A Tokyo, ascenseurs, escalators et tapis roulants ont été mis à l’arrêt. Lumières et néons inutiles ont été éteints. Les distributeurs de boissons, que le gouverneur de Tokyo a accusés de « consommer la production de plusieurs réacteurs nucléaires », ont cessé d’être éclairé, et n’ont plus refroidi les boissons que par intermittence. Côté entreprises, des centaines de milliers d’employés et d’ouvriers ont été priés de goûter aux vacances forcées. Les usines des constructeurs automobiles ont mis en place des rotations dans la production : fermeture des chaînes les jeudis et vendredis, réouverture le week-end. Les heures supplémentaires ont été proscrites.

Depuis la fin octobre, les restrictions imposées ont été levées, les escalators et les ascenseurs fonctionnent, la vie semble normale, sauf que les Japonais ont pris le pli des économies d’énergie.
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Bilan de ces nouveaux usages, un Japonais brûle moitié moins d’énergie qu’un Américain. Les niveaux de consommation actuelle égalent ceux du Japon de 1973, à l’heure du premier choc pétrolier. Et selon une étude du gouvernement, la consommation d’énergie n’augmentera pas de plus de 0,7% d’ici à 2018.
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les énergies gagnantes ne sont pas les ressources renouvelables, mais le gaz. La demande en GNL [gaz naturel liquéfié, ndlr], qui arrive au Japon par bateau, est exponentielle. Le lobby japonais du gaz exulte. Tepco, l’opérateur de la centrale de Fukushima, et d’autres producteurs rééquipent des installations gazières.
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