
(...) Par ricochet, le Japon, déjà frappé par une crise rampante depuis des années, va voir ses capacités d’autofinancement quasiment réduites à zéro.
Les agences de notation vont se régaler.
L’outil de production est endommagé de manière durable. Les ouvriers, cadres et techniciens vont avoir des difficultés à se rendre sur leurs lieux de travail à cause de la pénurie de l’électricité.
Le trafic ferroviaire, inopérant dans le nord-est, est très perturbé à Tokyo. La compagnie East Japan Railways, qui transporte les banlieusards dans leurs entreprises, n’a pas été en mesure d’assurer plus de 20% du trafic.
C’est donc un pays entier qui va vivre sous perfusion internationale en attendant une hypothétique reconstruction.
Le pire du pire n’est pas l’hypothèse d’une réplique majeure, qui serait déjà une catastrophe aux conséquences incalculable sur un territoire déjà ravagé.
Si le Japon ne parvient pas à enrayer la dégradation de ses centrales nucléaires, ce sont des portions entières du territoire japonais qui deviendront inhabitables pour des centaines d’années.
Le combustible utilisé, le MOX, est le cauchemar des scientifiques. Il deviendra le nôtre.
Car, à des degrés divers, le monde entier sera frappé par les vagues d’un tsunami économique.(...)
Soit le nationalisme japonais incite à rapatrier massivement ses capitaux pour participer à la reconstruction, soit « l’univers impitoyable » de la haute finance quittera Tokyo pour migrer ailleurs.
Imaginer les conséquences si la mégalopole japonaise, l’une des places économiques majeures de la planète, devient un désert, n’est tout simplement pas à la portée des économistes.(...)
Quant à demander aux fonds d’investissement et aux spéculateurs un geste citoyen dans ces moments dramatiques, cela relève du fantasme.
Bref, ce qui se joue actuellement au Japon n’est pas seulement l’avenir d’une population entière, c’est, qu’on le veuille ou non, l’avenir d’un certain monde, d’un certain modèle de société.(...)
Nous, en France, on en est à se poser des questions cruciales : Qui va remporter la prochaine édition de Top Chef ? Marine Le Pen devait-elle se rendre sur l’île italienne de Lampeduza pour parfaire son bronzage ?
Et, question subsidiaire, pourra-t-on se rendre encore chez son coiffeur lorsque le litre de gasoil passera la barre d’1 euro 50 ? (...)