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Rue 89
J’ai vu l’Espagne changer avec la crise
Article mis en ligne le 4 novembre 2012
dernière modification le 31 octobre 2012

Je vis depuis huit ans dans le sud de l’Espagne, à Malaga en Andalousie. Depuis que je suis arrivée, la situation a radicalement changé. J’ai la chance de travailler, je dis « chance » parce qu’aujourd’hui, c’est devenu de plus en plus rare [le taux de chômage a atteint le seuil de 25%, ndlr], les conditions de travail ne sont plus les mêmes, et le climat incertain dans l’entreprise est chaque jour de plus en plus pesant.

Je suis salariée depuis quatre ans dans une société spécialisée dans l’ingénierie aéronautique. Même s’ils ont su s’adapter au marché, j’ai vu l’effectif diminuer de plus de 80 employés à environ une vingtaine. C’est dur de voir ses collègues partir, licenciés, sachant que leur conjoint est déjà au chômage, qu’ils ont une famille à charge et qu’ils ne retrouveront certainement pas du travail, du moins s’ils restent dans la région.

C’est dur aussi de penser que peut-être demain, ce sera mon tour, l’attente de l’appel du directeur des ressources humaines dans son bureau... On travaille tous avec une épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos têtes. (...)

Les Andalous vivent au jour le jour et ont cette extraordinaire capacité de continuer à vivre avec cette jovialité qui les caractérisent, comme si de rien n’était. Quand on sort dans la rue, l’ambiance est toujours la même et rien ou presque n’a changé. Les gens sortent, vont dans les bars, les centres commerciaux sont toujours pleins à craquer, même si en réalité ils ne consomment pas et que beaucoup sont dans des situations terribles.

C’est incroyable, ils se débrouillent, survivent comme ils peuvent et s’adaptent. Des réseaux de solidarité et d’échanges se sont créés pour tout : nourriture, meubles, vêtement, matériel scolaire, livres… (...)

Les gens sont solidaires et s’entraident, le réseau familial qui existe ici est très fort, les retraités ont souvent leurs enfants et petits-enfants à charge quand les parents au chômage ont vu leur maison saisie par la banque. Beaucoup de personnes travaillent au noir, mais étant donné la situation et les prestations chômage qui existent, on ne peut pas leur reprocher.

De plus en plus de groupes menés par de simples citoyens apparaissent appelant à la « désobéissance civile », et on voit de plus en plus de manifestations, d’actes de « rébellion ».
(...)

Malgré tout, la grande majorité de la population approuve, accepte et défend le gouvernement et les institutions. La manipulation médiatique pour les conforter dans cette idée est flagrante.
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