Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
blogs de Mediapart
Ivre du temps perdu
LEHMANN Christian
Article mis en ligne le 2 janvier 2020
dernière modification le 1er janvier 2020

La parole des victimes, inaudible pendant des années, écrasée par la domination masculine et la bonne conscience patriarcale d’un clergé culturel auréolé de la mystique de la transgression, bouscule la complaisance d’antan. Toute sa vie, Matzneff a été entouré de facilitateurs complaisants, et aveugles. Chacun de ceux qui l’a soutenu a facilité ses crimes, au nom de la littérature.

Pendant près de trente ans je me suis posé (comme quelques autres, certainement ) les questions qu’aujourd’hui la publication de l’ouvrage de Vanessa Springora ( Le consentement, Ed. Grasset) amène à toutes les consciences. Comment Gabriel Matzneff, un pédocriminel revendiqué, a t’il pendant si longtemps pu bénéficier d’une telle impunité ?

Parce que je suis un boomer, que j’ai connu cette période, que j’ai côtoyé Matzneff un temps, j’aimerais porter ici témoignage, celui d’un étranger à la marge du clergé culturel français, un pied dedans, un pied dehors. Pour ne pas laisser les admirateurs de Matzneff mettre en doute la parole ou les motivations d’une victime, pour ne pas les laisser salir les rares lanceurs d’alerte de l’époque, pour ne pas leur permettre une fois de plus de prétendre qu’ils font face à une résurgence puritaine en se drapant dans la bannière de la libération sexuelle quand toute leur vie ils sont restés muets et aveugles face à un système de prédation organisé sur les plus vulnérables. (...)