
Les pressions et menaces s’accentuent sur les ONG de défense des droits humains. Le gouvernement, comme des associations d’extrême droite, cherchent à les discréditer auprès de l’opinion.
Ni la pression de l’Union européenne ou celle des États-Unis, ni les réserves émises par le président de l’État d’Israël Reuven Rivlin n’ont réussi à faire plier les faucons israéliens : le 12 juillet dernier, la Knesset a adopté la « loi sur la transparence » qui renforce les contrôles sur les ONG. Si le texte a quelque peu été édulcoré par rapport au projet initial, l’objectif recherché reste bien le même : obliger les ONG qui reçoivent plus de la moitié de leur financement de gouvernements étrangers à publier la liste de leurs soutiens sur leur support de communication et de la remettre à jour tous les trois mois (voir interview p. 13).
Cette loi vise à accréditer l’idée selon laquelle les mouvements de défense des droits humains seraient des « agents de l’étranger ». (...)
Vingt-sept mouvements ciblés par la loi
« Cette loi n’est que le prolongement d’actions menées contre les ONG sur plusieurs fronts », ajoute Niva Grunzweig, chargée des relations publiques de Zochrot, un mouvement qui milite activement pour le droit au retour des Palestiniens expulsés en 1948 au moment de la création d’Israël.
Depuis plusieurs mois, les ONG doivent en effet faire face à de multiples attaques. Comme en témoignent B’Tselem [1] et Breaking the Silence, partenaire du CCFD-Terre Solidaire, ONG fondée en 2004 par des soldats ayant servi à Hébron.
L’association, depuis sa création, a publié plus de 1 000 témoignages qui mettent en évidence les pratiques de l’armée israélienne dans les territoires occupés. Elle fait partie des vingt-sept mouvements clairement ciblés par la loi sur la transparence. Elle a même été infiltrée par des groupes chargés de la discréditer en transformant la réalité ou en publiant des contre-témoignages mensongers. Elle subit aussi les messages de haine sur les réseaux sociaux. En outre, les conférences et interventions organisées par Breaking the Silence pour sensibiliser le public, ont été interdites dans les écoles ou les casernes.(...)
En 2009, le gouvernement israélien avait déjà interdit, dans les livres d’histoire, l’usage du mot Nakba, désignant en arabe l’exode de quelque 700 000 Palestiniens, en 1948, après la première guerre israélo-arabe. Et deux ans plus tard, un autre texte menaçait de sanctions financières et pénales toutes les organisations commémorant cet exode.
Des mesures contreproductives
Cette montée des tensions intervient dans un contexte marqué par une droitisation de l’opinion publique. Chaque nouvelle élection est l’occasion de mesurer les bons scores des partis extrêmes qui attisent les craintes des électeurs en matière de sécurité. Les tensions au Proche et Moyen-Orient ont certes favorisé ce phénomène qui s’apparente toutefois à une fuite en avant. Le focus mis sur les questions de sécurité permet de masquer notamment la dégradation de la situation économique et sociale.
De plus, la campagne menée par le BDS [2], le mouvement demandant le boycott des produits israéliens et des entreprises investissant dans les territoires occupés, commence à marquer des points en Europe. (...)
Seule voie discordante à l’intérieur du pays, les ONG ne sont pas prêtes à baisser les bras. (...)