
Tchernobyl. La vie, avant et après, dans la « zone ». Premier long métrage de Michale Boganim.
L’âme humaine peut-elle être irradiée ? Oui, et nul besoin d’une catastrophe nucléaire pour cela. Dans la Terre outragée, premier long métrage de Michale Boganim et surtout premier film de fiction sur Tchernobyl, l’accident nucléaire n’est qu’un prétexte pour évoquer sans pathos les exils intérieurs. On ne va pas ici retracer l’épopée de Tchernobyl, son accident, ses liquidateurs, sa zone purgée de toute activité humaine.
Collectivisme.
Et, pourtant, c’est comme si on y avait été. Dans sa première partie, le film fait un éloge un peu forcé du régime soviétique, où tout n’était qu’amitiés gaillardes et alcoolisées, bonheur bucolique et collectivisme industriel heureux. La centrale nucléaire, avec ses quatre réacteurs et sa cheminée rouge et blanche, était l’une des plus modernes de l’ex-URSS. (...)
Même s’il est aussi documenté qu’une enquête, la Terre outragée est bel et bien une fiction romanesque avec des personnages cramés par un terrible passé, puis lentement contaminés par la solitude. Ce film n’est pas, non plus, une fiction antinucléaire. Il révèle un outrage, certes, mais surtout les ravages des exils impossibles. L’outrage, c’est la confiscation de la terre, des souvenirs d’enfance, des après-midi insouciants durant lesquels s’écoulaient des tranches de bonheur un peu bête… (...)
Devenir une zone, renoncer à l’avenir… ce que l’on sait des catastrophes nucléaires, désormais, c’est qu’elles tuent les hommes lentement. Et longtemps.