Coûteux et destructeur de biodiversité, le projet de barrage de Caussade participe au maintien d’un mode agricole intensif, qui prône le développement de l’irrigation pour s’adapter au changement climatique, au détriment du cycle naturel de l’eau et des autres usagers. Il a reçu de nombreux avis défavorables tout au long de l’instruction administrative. Le projet a été enfin stoppé par le tribunal administratif de Bordeaux le 13 novembre grâce à l’action de la SEPANSO Aquitaine et de France Nature Environnement. Malgré cette décision de justice interdisant les travaux, ceux-ci ont commencé ce jeudi 22 novembre. D’inacceptables coups de pelleteuse contre l’État de droit. France Nature Environnement porte plainte.
Le barrage de Caussade ressemble fortement à l’ex projet du barrage de Sivens. Le projet ? Créer d’une digue de 378 mètres de large, 12,5 mètres de haut pour barrer la vallée où coule le petit cours d’eau du Tolzac dans le Lot et Garonne. L’artificiel « Lac de Caussade » ainsi créé devait contenir 920 000 m³ dont au moins la moitié du volume est prévue pour l’usage d’une vingtaine d’agriculteurs irrigants. Sur le sous bassin versant du Tolzac, il existe pourtant déjà plus de 600 retenues qui altèrent le cycle naturel de l’eau et conduisent à des difficultés de remplissage : la priorité d’action qui y a été identifiée par les instances de bassin est bien une mobilisation des stockages existants et non la création d’un nouveau barrage nuisible à une gestion de l’eau équitable.
Face à un projet aussi surdimensionné, destructeur de biodiversité et insensé, France Nature Environnement s’est mobilisée aux côtés de la SEPANSO Aquitaine. Notre mobilisation s’est accentuée quand le projet a été autorisé au début de l’été par la préfecture du Lot-et-Garonne, en dénonçant un projet d’un autre temps, qui traduit en fait l’accaparement de la ressource en eau par quelques irrigants tout en portant atteinte à 50 types d’espèces menacées différentes et à des zones humides.
Un barrage illégal : l’État fera-t-il enfin respecter le droit ? (...)
e barrage ne bénéficie donc plus d’aucune autorisation légale comme l’a rappelé le préfet de région Nouvelle Aquitaine à une délégation d’irrigants menée par le président de la Chambre d’Agriculture.
Peine perdue ? Le jour même de la communication du préfet de région, les pelleteuses commencent en toute illégalité la destruction de la vallée, un véritable pied de nez à l’État. Ils le mettent au défi de faire respecter le droit. Alors que le partage de la ressource est au cœur des Assises de l’Eau qui s’ouvrent, que des orientations générales ont été adoptées par le gouvernement suite au rapport Bisch, le cas du barrage de Caussade devient emblématique du respect des règles pour l’usage de l’eau, bien commun. France Nature Environnement appelle instamment l’État à faire respecter les décisions de justice intervenues dans ce dossier et à saisir le procureur de la République. Nous portons également plainte pour ces travaux illégaux. (...)
L’autre vision, portée par le mouvement France Nature Environnement, est d’adapter les pratiques agricoles à la ressource réellement disponible. Le but pour l’agriculture est de devenir vraiment résiliente face aux effets multiples du changement climatique : développer l’agroécologie, pratique agricole qui permet de mieux prendre en compte l’environnement et préserver ses ressources, diversifier les cultures pour réduire les pics de prélèvements d’eau durant l’été et diminuer globalement les consommations d’eau par des pratiques d’irrigation beaucoup plus efficaces. Beaucoup d’agriculteurs l’ont déjà compris, mais pas la Coordination rurale.