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Immigration clandestine : Un mur de barbelés érigé entre la Grèce et la Turquie
Article mis en ligne le 15 mai 2012
dernière modification le 12 mai 2012

(...) Depuis 2002, il existe un accord turco-grec de réadmission, mais il semble n’exister que sur le papier, comme le souligne le chef de la police d’Orestiada, George Salamangas.

“Lorsque nous arrêtons des clandestins de notre côté, nous demandons aux Turcs de se conformer à l’accord de réadmission. Mais, par exemple, en 2011, nous avons arrêté 55 000 migrants illégaux ici, dans la région d’Evros et les Turcs n’en ont repris que 731. La Turquie ne se conforme pas à l’accord de réadmission”, explique-t-il.

C’est en avion que les Marocains et les Algériens se rendent à Istanbul. Ils n’ont pas besoin de visa. Ils embarquent ensuite dans des mini-vans qui les emmènent à Edirne où des passeurs les font passer côté grec, soit à pied, soit via le fleuve Evros. La raversée est risquée.

“Nous collaborons avec la police turque depuis l’année dernière pour traquer les passeurs, mais je ne peux pas dire si les résultats de cette collaboration sont encourageants. Ce dont nous nous apercevons maintenant c’est que les passeurs restent de l’autre côté de la rivière. Ils chargent les migrants dans des bâteaux, les font partir et eux restent sur leur propre berge, en toute sécurité. Nous sommes témoins que de nombreux bâteaux chavirent, certaines personnes s’accrochent à des îlots au milieu de la rivière et des gens périssent à cause de ça”, rajoute George Salamangas.

Sorte de frontière naturelle entre les deux pays, le fleuve Evros est un obstacle difficile et dangereux à surmonter.
Il y a aussi la terre ferme, dix kilomètres de frontière, une réelle tentation pour les clandestins qui veulent passer de Turquie en Grèce, à pied.

(...) Chryssi travaille depuis plus de 30 ans à Nea Vyssa. L’afflux massif de réfugiés a débuté selon elle il y a 7 ans. Le matin, quand elle ouvre sa station-service, ils sont plus d’une cinquantaine à être rassemblés. Souvent, elle leur donne de l’eau et du pain.

“J’ai vu énormement de victimes suite à des incidents violents. Des gens ensanglantés, battus, des femmes violées. J’ai vu tout cela pendant des années et des années. La chose qui m’a vraiment choquée, c‘ést cette femme qu’on a violée devant les yeux de son mari”, raconte-t-elle.

Une fois du côté grec, sur le territoire de l’Union Européenne, les migrants appellent la police. Ils savent que la Turquie ne les reprendra pas et que la Grèce n’a pas les moyens matériels et financiers pour les renvoyer dans leurs pays d’origine.

Un bus de la police les emmène à Fylakio, dans le plus grand centre de rétention, près de la frontière gréco-bulgare .

Après avoir fait face à un afflux massif de réfugiés, une rénovation du centre de Fylakio et d’autres centres grecs de rétention a du être entreprise. Cette rénovation est financée par l’Union européenne.(...)

Des dizaines de clandestins meurent chaque année en traversant le fleuve Evros. Pour ceux d’entre eux qui sont de confession musulmane, un mufti de la région prépare une sépulture particulière. Pourtant, selon lui, personne ne devrait prendre de “risques mortels” et “traverser est un risque mortel, du scuicide pur et simple”, dit-il.

“La réligion interdit de prendre des risques demesurées ou de se suicider. Il ne faut pas faire de cérémonie d’enterrement pour ceux qui se sont suicidés. Mais ici, nous faisons quand même la prière pour ceux qui sont morts en traversant cette frontière mortelle. Ils l’ont fait parce qu’ils ont perdu la tête. S’ils avaient vraiment su qu’ils allaient s’y noyer, ils ne seraient pas venus”, dit le mufti Mehmet Serif Damadoglou.

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