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IRIN - nouvelles et analyses humanitaires
Ils infligent des défaites à Boko Haram, mais représentent-ils la prochaine menace pour la sécurité du Nigéria ?
Article mis en ligne le 28 août 2016
dernière modification le 27 août 2016

Boko Haram est en fuite, et le mérite en revient en grande partie aux groupes d’autodéfense qui se sont constitués pour protéger leurs communautés contre les djihadistes dans le nord-est du Nigéria. Mais l’inquiétude grandit de voir ces groupes devenir une nouvelle menace pour la sécurité.

(...) « Ce sont des enfants dans le besoin, car ils ont été formés pour combattre les insurgés », a dit cet homme de 52 ans à propos de ses troupes.

La clé des succès du groupe d’autodéfense réside dans le fait qu’ils savent qui sont les habitants de leurs quartiers qui soutiennent Boko Haram. Au début, les insurgés bénéficiaient d’un certain soutien au sein des communautés qui les considéraient comme « nos garçons », notamment quand la stratégie défaillante de l’armée était réduite à des arrestations arbitraires et des châtiments collectifs.

Mais les membres de Boko Haram se montraient encore plus violents. Tous ceux qui ne les soutenaient pas étaient des cibles potentielles, même les musulmans les plus fervents. Ils tuaient en toute impunité et leur discours vindicatif a fini par retourner la communauté, et notamment la classe moyenne de Maiduguri, contre le groupe.
Tout est dans le nom

Le nom de la milice, Force opérationnelle interarmées civile (CJTF), est admis comme une reconnaissance implicite de son allégeance aux forces de sécurité, alors connues sous le nom de Force opérationnelle interarmées ou JTF (Joint Task Force). Les unités d’autodéfense étaient les yeux et les oreilles de l’armée, mais elles menaient aussi des actions directes et se faisaient impitoyables envers les cellules présumées de Boko Haram au sein des communautés. (...)

« Ce sont des enfants dans le besoin, car ils ont été formés pour combattre les insurgés », a dit cet homme de 52 ans à propos de ses troupes.

La clé des succès du groupe d’autodéfense réside dans le fait qu’ils savent qui sont les habitants de leurs quartiers qui soutiennent Boko Haram. Au début, les insurgés bénéficiaient d’un certain soutien au sein des communautés qui les considéraient comme « nos garçons », notamment quand la stratégie défaillante de l’armée était réduite à des arrestations arbitraires et des châtiments collectifs.

Mais les membres de Boko Haram se montraient encore plus violents. Tous ceux qui ne les soutenaient pas étaient des cibles potentielles, même les musulmans les plus fervents. Ils tuaient en toute impunité et leur discours vindicatif a fini par retourner la communauté, et notamment la classe moyenne de Maiduguri, contre le groupe.
Tout est dans le nom

Le nom de la milice, Force opérationnelle interarmées civile (CJTF), est admis comme une reconnaissance implicite de son allégeance aux forces de sécurité, alors connues sous le nom de Force opérationnelle interarmées ou JTF (Joint Task Force). Les unités d’autodéfense étaient les yeux et les oreilles de l’armée, mais elles menaient aussi des actions directes et se faisaient impitoyables envers les cellules présumées de Boko Haram au sein des communautés.

« Alors, je demande ‘Qu’en est-il des jeunes qui ont sacrifié leur vie pour protéger l’intégrité du Nigéria ?’ »

Des groupes de défense des droits de l’homme ont recensé les actes de violence grave exercés par la milice, comme l’exécution sommaire de personnes identifiées comme appartenant à Boko Haram, ainsi que leur participation à des exécutions extra-judiciaires commises par les militaires.

La lutte pour le contrôle de la zone était si violente que Boko Haram s’est fait un point d’honneur de donner l’exemple dans les villes où la Force opérationnelle interarmées civile était présente. Ainsi, la ville de Bama a été détruite après la déroute de l’armée et de la milice d’autodéfense.

Le gouvernement de l’Etat de Borno n’a pas tardé à soutenir la milice, officiellement connue sous le nom d’Association des jeunes de Borno pour la paix et la justice (Borno Youth Association for Peace and Justice). Il a formé un petit groupe de volontaires, fourni des véhicules et versé un petit salaire à certains d’entre eux. Il s’est en revanche abstenu de fournir des armes de manière systématique, car il semblait inquiet à l’idée de ne pas être capable d’en suivre la trace.
Et maintenant ?

La guerre touche à sa fin et les autorités sont conscientes que les groupes d’autodéfense qui ont été les premiers à défendre leurs communautés représentent un nouveau défi. Officiellement, le gouvernement de l’Etat de Borno a recensé 3 000 jeunes hommes, mais la milice compterait en réalité quelque 30 000 membres – et tous ne sont pas des héros locaux.

Outre les meurtres, la Force opérationnelle interarmées civile est accusée d’avoir commis des actes de violence et d’exploitation sexuelles, en particulier dans les camps installés pour héberger les personnes déplacées par les combats. En raison de ses liens avec les forces de sécurité, elle a parfois agi comme si elle était « au-dessus de la loi ». (...)

Ils attendent une récompense pour les services qu’ils ont rendus, et dans un pays où les jeunes, mécontents et sans emploi, vendent leurs services de voyous aux représentants politiques – et à quiconque est prêt à les payer –, ils constituent une réelle menace pour la stabilité. (...)

Au mois de décembre dernier, le gouverneur de l’Etat de Borno, Kashim Shettima, a fait cette déclaration sans concession : « Si nous ne faisons pas des efforts réfléchis pour résoudre les problèmes du chômage, de l’analphabétisme, de la faim et de l’extrême pauvreté, le CJTF deviendra le monstre de Frankenstein qui pourrait nous dévorer ».

Des efforts ont été entrepris pour tuer le problème dans l’œuf. L’année dernière, les législateurs de l’Etat de Borno ont adopté le projet Youth Vigilante Empowerment Scheme (habilitation des jeunes des groupes d’autodéfense). A l’heure actuelle, 1 850 membres des CJTF ont été enregistrés en tant que bénéficiaires de l’aide médicale gratuite et reçoivent une allocation mensuelle de 75 dollars.

Récemment, l’armée a enrôlé 250 anciens membres de la milice et le département d’Etat de la sécurité en a embauché 30 autres, mais ces chiffres sont minuscules.

Depuis longtemps déjà, des voix s’élèvent pour que les membres restants de la milice soient engagés dans un service de police d’Etat, mais cette proposition a créé la controverse au Nigéria. La police fédérale, qui est en sous-effectif, a été incapable de maintenir l’ordre et la loi, mais certains craignent que les représentants politiques locaux et les entrepreneurs ne les exploitent à leur avantage.

Cependant, l’armée continue de reprendre du terrain à Boko Haram, et les appels en faveur de la création d’une police d’Etat afin de combler le vide sécuritaire et protéger les déplacés qui rentrent chez eux se multiplient. (...)