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« Il faut que les gens parlent pour que d’autres les entendent »
L’entretien qui suit est paru dans le premier numéro de la nouvelle formule d’IHH / International Hip Hop, sortie cet été. Nous le reproduisons avec l’amicale autorisation de la revue.
Article mis en ligne le 27 septembre 2014
dernière modification le 18 septembre 2014

Même si la plupart des chansons de son premier album étaient déjà accessibles sur le net avant sa sortie, écouter Dirty Gold reste une expérience puissante et entêtante. Angel Haze, la jeune rappeuse de 22 ans, née à Detroit et installée à New York, est d’une maturité hors-norme. Elle nous livre des morceaux riches et emprunts d’une verve rare. Les textes, inspirés de – et traversés par – ses blessures et cicatrices, valent vraiment une écoute attentive, car les seize morceaux sont variés autant du point de vue du fond que de la forme. Ils sont portés par un flow saisissant, ponctués d’extraits d’interview ou de confessions intimes, où se mêlent influences R’n’B, des choeurs parfaitement intégrés (notamment de Sia et Leah Siegel), le tout sur une instru incontestablement maitrisée (essentiellement par Markus Dravs, connu pour ses collaborations avec Coldplay, Arcade Fire, Björk). On y retrouve, en bonus, le fameux New York de son premier album digital ’Reservation’ : toujours aussi percutant.

Si Angel Haze surprend et retient l’attention, c’est d’abord par ses contradictions, que révèle le titre même de l’album, car Angel Haze a su transformer la saleté en or. Elle avait commencé à livrer crûment les détails d’une enfance particulièrement douloureuse en 2013, dans une adaptation explicite du fameux morceau d’Eminem Cleaning Out My Closet. Angel Haze est la fille d’un père jamais connu parce qu’abattu avant même qu’elle ne vienne au monde, victime de viol à l’âge de 7 ans par un ami de la famille, élevée dans une congrégation baptiste sectaire, terrorisée par un beau-père évangéliste, non soutenue par une mère « dysfonctionnante ». Rien ne la destinait à suivre la voie qu’elle se forge aujourd’hui. Dans une autre reprise de Same Love – devenu l’hymne du mariage pour touTEs aux US – elle s’était réapproprié le propos de Macklemore, rappeur blanc hétéro. Elle y racontait son coming out auprès de sa mère, son expérience de l’homophobie et sa volonté d’être ce qu’elle est devenue malgré les épreuves, la haine et le rejet.

À ceux et celles qui les méprisaient, elle a imposé des goûts propres, ses choix de vie et ses choix artistiques dont a priori tout aurait dû l’éloigner. Et cette force de vie et de caractère imprègne sa musique, à tel point qu’on dirait, paradoxalement, qu’elle est née dedans. (...)