
C’est un fait, avec 6,4 millions de voix Marine Le Pen vient d’obtenir presque 18 % des suffrages exprimés au 1er tour de l’élection présidentielle. Mais cela ne justifie pas qu’elle occupe le centre des commentaires de la vie politique, ni que l’on victimise ses électeurs comme beaucoup s’y emploient depuis quelques jours.
(...) La crise ne justifie pas que l’on devienne raciste, pas plus que le fait d’avoir été victime d’un acte de délinquance. Il faut au contraire combattre résolument ce genre d’amalgames et de pseudo-explications. Combattre sans répit et avec la plus grande détermination la stratégie du bouc-émissaire qui est celle de l’extrême droite depuis la fin du 19ème siècle. C’était autrefois la faute aux « métèques » italiens ou polonais, c’est aujourd’hui la faute « aux Arabes et aux Noirs ». Le fond du discours n’a jamais changé.
Pour conclure, il faut également dire et redire que si le discours du FN se banalise, c’est aussi parce qu’il a été servi avec une remarquable constance par celui de l’UMP et tout particulièrement par Nicolas Sarkozy et son entourage. (...)
Face aux adeptes du bouc-émissaire immigré-musulman, tous les humanistes et tous les progressistes doivent s’unir pour dénoncer ces conceptions régressives de la nation et de la citoyenneté françaises, pour pourfendre l’hypocrisie de ces discours soi-disant devenus respectables et pour marteler que c’est d’abord et avant tout dans les mécanismes d’exclusion économique, sociale et scolaire que se trouvent les racines des principaux problèmes de la société française.